La répression des émeutes à Paris au XVIIIe siècle. [Thèse].
Contenu
Titre
La répression des émeutes à Paris au XVIIIe siècle. [Thèse].
[Thèse de doctorat, Histoire moderne, Paris, École des hautes études en Sciences sociales, 2022].
Résumé de la thèse :
Cette thèse porte sur la répression des émeutes à Paris au XVIIIe siècle. Elle se penche en particulier sur un événement oublié, l'émeute du 20 août 1709. Inscrite dans l’une des plus grandes crises d’Ancien Régime, consécutive au « grand hiver » de 1709, cette émeute est souvent apparue comme comme une séquence historique isolée, ne faisant pas événement. Or, sa répression est, d'une part, méconnue, et, d’autre part, dense, car elle donne lieu à plusieurs types de réponses répressives. Cet événement est-il réductible à ses singularités, ou trouve-t-il au contraire des prolongements dans des séquences comparables, c’est-à-dire dans la répression des émeutes parisiennes postérieures ? L’analyse de la répression de l'émeute du 20 août 1709, fondée sur des archives policières, judiciaires et administratives, ainsi que des sources narratives, peut-elle éclairer la répression des émeutes parisiennes du XVIIIe siècle, en dégageant des permanences comme des contrepoints ? La thèse se porte ainsi vers les émeutes parisiennes postérieures, réputées mieux étudiées : les émeutes vivrières de 1725 au faubourg Saint-Antoine ; les émeutes provoquées par les enlèvements d'enfants et arrestations de mendiants au printemps 1750 ; l'émeute du 3 mai 1775, à la suite de la libéralisation du commerce des grains. La grande crise précédente des années 1692-1693 est également prise en compte, à des fins de mise en perspective. Le premier chapitre porte sur le contexte de l'émeute du 20 août 1709. On envisage les prémices de cet événement en étudiant les représentations qui le précèdent, car elles éclairent les causes de l’émeute, mais aussi sa répression. L’analyse porte à fois sur sa réception par les élites à travers les discours qu’elles portent sur lui, et sur le sens qu’en donnent les émeutiers. Les deux chapitres suivants portent sur les deux visages de la répression de l'émeute du 20 août. Le premier se penche sur la volonté d’« apaisement » comme réponse modérée et non violente à l’émeute. Il s’agit pour les policiers et magistrats de faire cesser l’émeute par la parole, en adressant au peuple un discours mêlant remontrances, promesse et menaces, appuyé sur une démonstration d’autorité. Le discours sur l’apaisement des émeutes, issu d'un modèle de maintien de l'ordre fondé sur l'autorité, est omniprésent tant dans les sources policières que dans les sources narratives. Suivre son parcours à travers d’autres événements au fil du siècle permet de mettre en évidence sa permanence et de révéler l’imaginaire du pouvoir auquel il renvoie. Le second chapitre concerne la répression violente, à travers une enquête sur les fusillades qui se sont déroulées lors de cette journée, séquence méconnue dont il est nécessaire d'élucider les circonstances. Est ainsi mise en lumière, à travers ces deux chapitres, la coexistence de formes répressives a priori opposées. Les chapitres suivants se situent en aval de l’événement. Le quatrième chapitre prend pour objet les mesures prises après les émeutes, qui se traduisent par une présence policière et militaire dans la ville. Leur étude diachronique, de 1709 à 1775, révèle les appréhensions policières de l’émeute, et, plus largement de l'espace urbain en évolution. Dans un second temps, une analyse de la répression policière a posteriori est proposée : elle se traduit en 1775 par une rupture visible dans les logiques qui président à l’arrestation des émeutiers. Enfin, le dernier chapitre interroge les discours, récurrents au XVIIIe siècle, annonçant la grâce des émeutiers. On peut les documenter pour les émeutes du 4 mai 1709, de mai 1750 et 1775. Liés aux attentes suscitées par la répression judiciaire, ils sont le supports de discours enfouis sur l’émeute et sa répression autant que le signe d'espoirs. Il est ainsi possible de retrouver la trace de l'événement, y compris dans sa présence en creux.
[Thèse de doctorat, Histoire moderne, Paris, École des hautes études en Sciences sociales, 2022].
Résumé de la thèse :
Cette thèse porte sur la répression des émeutes à Paris au XVIIIe siècle. Elle se penche en particulier sur un événement oublié, l'émeute du 20 août 1709. Inscrite dans l’une des plus grandes crises d’Ancien Régime, consécutive au « grand hiver » de 1709, cette émeute est souvent apparue comme comme une séquence historique isolée, ne faisant pas événement. Or, sa répression est, d'une part, méconnue, et, d’autre part, dense, car elle donne lieu à plusieurs types de réponses répressives. Cet événement est-il réductible à ses singularités, ou trouve-t-il au contraire des prolongements dans des séquences comparables, c’est-à-dire dans la répression des émeutes parisiennes postérieures ? L’analyse de la répression de l'émeute du 20 août 1709, fondée sur des archives policières, judiciaires et administratives, ainsi que des sources narratives, peut-elle éclairer la répression des émeutes parisiennes du XVIIIe siècle, en dégageant des permanences comme des contrepoints ? La thèse se porte ainsi vers les émeutes parisiennes postérieures, réputées mieux étudiées : les émeutes vivrières de 1725 au faubourg Saint-Antoine ; les émeutes provoquées par les enlèvements d'enfants et arrestations de mendiants au printemps 1750 ; l'émeute du 3 mai 1775, à la suite de la libéralisation du commerce des grains. La grande crise précédente des années 1692-1693 est également prise en compte, à des fins de mise en perspective. Le premier chapitre porte sur le contexte de l'émeute du 20 août 1709. On envisage les prémices de cet événement en étudiant les représentations qui le précèdent, car elles éclairent les causes de l’émeute, mais aussi sa répression. L’analyse porte à fois sur sa réception par les élites à travers les discours qu’elles portent sur lui, et sur le sens qu’en donnent les émeutiers. Les deux chapitres suivants portent sur les deux visages de la répression de l'émeute du 20 août. Le premier se penche sur la volonté d’« apaisement » comme réponse modérée et non violente à l’émeute. Il s’agit pour les policiers et magistrats de faire cesser l’émeute par la parole, en adressant au peuple un discours mêlant remontrances, promesse et menaces, appuyé sur une démonstration d’autorité. Le discours sur l’apaisement des émeutes, issu d'un modèle de maintien de l'ordre fondé sur l'autorité, est omniprésent tant dans les sources policières que dans les sources narratives. Suivre son parcours à travers d’autres événements au fil du siècle permet de mettre en évidence sa permanence et de révéler l’imaginaire du pouvoir auquel il renvoie. Le second chapitre concerne la répression violente, à travers une enquête sur les fusillades qui se sont déroulées lors de cette journée, séquence méconnue dont il est nécessaire d'élucider les circonstances. Est ainsi mise en lumière, à travers ces deux chapitres, la coexistence de formes répressives a priori opposées. Les chapitres suivants se situent en aval de l’événement. Le quatrième chapitre prend pour objet les mesures prises après les émeutes, qui se traduisent par une présence policière et militaire dans la ville. Leur étude diachronique, de 1709 à 1775, révèle les appréhensions policières de l’émeute, et, plus largement de l'espace urbain en évolution. Dans un second temps, une analyse de la répression policière a posteriori est proposée : elle se traduit en 1775 par une rupture visible dans les logiques qui président à l’arrestation des émeutiers. Enfin, le dernier chapitre interroge les discours, récurrents au XVIIIe siècle, annonçant la grâce des émeutiers. On peut les documenter pour les émeutes du 4 mai 1709, de mai 1750 et 1775. Liés aux attentes suscitées par la répression judiciaire, ils sont le supports de discours enfouis sur l’émeute et sa répression autant que le signe d'espoirs. Il est ainsi possible de retrouver la trace de l'événement, y compris dans sa présence en creux.
Auteur
CHEVALIER, Clara
Année
2022
Type
Thèse
Mot-clé
Paris
Émeutes - Émeutiers
Répression policière
Histoire de la police
Histoire de la justice
Violences policières
Droit de grâce
Hiver 1709
Émeutes - Émeutiers
Répression policière
Histoire de la police
Histoire de la justice
Violences policières
Droit de grâce
Hiver 1709