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Un "îlot brassicole" : brasseurs et brasseries à Lyon et dans le Rhône (fin XVIIIe siècle - 1914). [Thèse].

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Titre

Un "îlot brassicole" : brasseurs et brasseries à Lyon et dans le Rhône (fin XVIIIe siècle - 1914). [Thèse].
[Thèse de doctorat, Histoire contemporaine, Lyon, 2016].
Résumé de la thèse :
Le XIXe siècle est en France celui de la bière : production et consommation annuelles passent en l’espace de cent ans de moins de trois à plus de quinze millions d’hectolitres. Profitant de sa position de carrefour commercial et de la qualité de ses eaux, Lyon occupe une place à part dans ce marché de masse en construction. Remettant en question l’hermétisme de supposées frontières alimentaires, la ville se démarque en effet dès les dernières années de l’Ancien Régime par un notable recours à la boisson houblonnée et la fabrication d’un produit aux qualités organoleptiques bien particulières qu’elle exporte en direction d’un large quart Sud-est du pays. Savamment entretenue, cette position originale fait de la cité rhodanienne l’un des principaux centres de production de bière français de la première moitié du siècle. La donne change à compter du Second Empire. Aux évolutions des modes et pratiques alimentaires à l’égard des alcools s’ajoutent décloisonnement des marchés et avancées technologiques affectant de manière irrémédiable l’activité. Le secteur brassicole régional, très largement lyonnais, passe ainsi en quelques décennies d’une structure artisanale voyant coexister une myriade de petits établissements employant quelques individus et produisant chacun annuellement quelques centaines d’hectolitres à une dimension industrielle où un nombre réduit de grandes usines concentrent main-d’œuvre, capitaux et parts de marché. L’encadrement réglementaire lui-même, qu’il s’agisse de législation professionnelle ou de régulation de l’insalubrité, et les politiques fiscales, à l’échelle de la ville comme du pays, participent à cette transition. Alors que la redéfinition des logiques urbaines et commerciales impacte directement les pratiques des brasseurs en les forçant à revoir leurs procédés de fabrication et leurs stratégies de formation, d’approvisionnement et de vente, c’est la progressive structuration d’une filière de la bière qui apparaît en filigrane. Il faut néanmoins se garder de voir ces entrepreneurs comme de simples victimes de mouvements qui leur échappent : plus que spectateurs d’une révolution protéiforme, ils s’en font les acteurs. L’étude prosopographique de 337 parcours considérés dans leurs dimensions individuelles et collectives atteste de la pluralité des destins : quand le modèle de la petite entreprise permet aux artisans les plus audacieux, qu’ils viennent d’un ailleurs professionnel ou géographique (sont notamment mises à jour les origines germaniques et alsaciennes de nombre d’entre eux), de valoriser leur travail et de satisfaire leurs ambitions, celui de l’industrie fait d’une poignée seulement de véritables brasseurs d’affaires. Ce seront les seuls à survivre, la plupart de leurs collègues et concurrents payant à terme les effets conjoints de la conjoncture économique, de la rationalisation du marché et des tragédies familiales. À l’orée du premier conflit mondial, seules six brasseries sont encore opérationnelles : ayant démontré sa précoce capacité d’adaptation en modifiant sa structure afin de donner aux établissements subsistants les moyens d’assimiler la modernisation productiviste, le monde brassicole rhodanien fait figure d’exception parmi les activités pré-industrielles, a fortiori parmi celles relevant du secteur agroalimentaire.

Auteur

THINON, Romain

Année

2016

Type

Thèse

Mot-clé

Lyon (Rhône)
Villes - Villages
Lyonnais (Rhône)
Brasseries - Brasseurs
Entreprises - Entrepreneurs
Industrialisation
Innovations techniques et technologiques
Urbanisation
Insalubrité
Industries agroalimentaires
Histoire économique
Prosopographie
Patronat - Patrons
Bière (boisson)
Politique fiscale

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