Le diocèse de Bourges au haut Moyen Âge, de saint Ursin à Audebert (IVe siècle-1097). Essai sur le gouvernement épiscopal et les structures ecclésiastiques berrichonnes. [Cher]. [Thèse].
Contenu
Titre
Le diocèse de Bourges au haut Moyen Âge, de saint Ursin à Audebert (IVe siècle-1097). Essai sur le gouvernement épiscopal et les structures ecclésiastiques berrichonnes. [Cher]. [Thèse].
[Thèse de doctorat, Histoire du droit, Université Jean Moulin, Lyon III, 2004. (Dactylographiée)].
[Thèse de doctorat, Histoire du droit, Université Jean Moulin, Lyon III, 2004. (Dactylographiée)].
Auteur
PERICARD, Jacques
Résumé
Les enquêtes consacrées à l’Église depuis l’Antiquité tardive à l’aube du Moyen Âge classique vont aujourd’hui en se multipliant. Traitant du pouvoir épiscopal, des réseaux monastiques, mais aussi de thèmes plus particuliers comme le développement paroissial, le clergé rural, ou la topographie chrétienne, ces travaux permettent d’appréhender plus finement l’histoire des institutions ecclésiastiques. En ce sens, le Berry offrait un beau terrain de recherches jusque-là guère exploité. On ne percevait que de façon très générale la place des élites ecclésiastiques, et moins encore la genèse ; une enquête sur l’espace diocésain et l’organisation paroissiale faisait également défaut. Notre problématique de recherche s’est donc structurée donc autour de deux aspects principaux: le premier consacré au gouvernement épiscopal (I), le second à la structuration du diocèse (II).
I - Premier axe de recherche : le gouvernement épiscopal.
Dans cette première partie, il s’est agi, après un essai prosopographique concernant les évêques de Bourges (A), d’apprécier leur autorité et leur pouvoir d’action au sein de leur diocèse (B). Il fallait également rappeler que l’évêque de Bourges était également métropolitain, voire, un « primat » ; eu égard au contexte politique, ces compétences peuvent surprendre (C).
A - Prosopographie des évêques de Bourges.
Un préalable indispensable était de réviser la liste épiscopale pour prendre connaissance des évêques de Bourges. Une analyse prosopographique a permis de saisir une facette importante de leur personnalité et de leur capacité d’action. Agent du pouvoir, l’évêque berruyer bénéficie de prérogatives civiles héritées du Bas-Empire dont l’amplitude varie selon les rapports entretenus avec les autres élites dirigeantes. Des indices ont révélé la stabilité des relations de l’épiscopat avec le pouvoir royal, depuis l’époque mérovingienne jusqu’au XIe siècle. La position centrale de Bourges, au septentrion de l’Aquitaine, lui assura en effet un rang spécial. Le Berry, sorte de coin enfoncé dans une région rebelle, fut, quelle que soit l’époque, le point de passage obligé de toutes les campagnes militaires venues du Nord ; l’empressement des souverains à faire monter sur le siège épiscopal leurs favoris est en soi très révélateur. Sans négliger certaines périodes d’instabilité, il faut admettre en Berry une présence presque continuelle de la royauté appuyé sur ce pôle stable, bien avant la reconquête du XIIe siècle. De ce soutien mutuel d’ailleurs, résulta un moindre délitement des institutions environnantes.
Ce constat dressé, il était plus évident d’apprécier l’envergure des moyens d’action des évêques de Bourges.
B - Auctoritas et potestas episcopalis dans le diocèse de Bourges.
Nous nous sommes précisément intéressés à l’activité des prélats au sein du diocèse, exprimée de différentes façons, et pas uniquement sur le plan spirituel. Il s’agissait de mesurer la mise en œuvre de prérogatives calquées sur le modèle impérial romain, dévolues à l’épiscopat dans des proportions variables selon l’époque et l’endroit : leur auctoritas, mais aussi leur potestas.
Les moyens d’action de l’évêque.
Ces compétences, dont les contours en Berry ne sont jamais déterminés clairement, en regard de l’importance qu’on a bien voulu accorder à la capitale berruyère, furent extrêmement circonstanciées. Des sources réparties principalement entre le VIe et le XIe siècle ont permis d’apprécier la teneur de leurs attributions tant spirituelles que temporelles : prêcher mais aussi légiférer, juger et administrer. On y a d’abord retrouvé l’image assez classique de l’évêque mérovingien chef de sa civitas, mais dans des limites qu’il fallait circonscrire. Sont apparus ensuite les traits du prélat carolingien, dotés par la royauté de moyens d’action étendus le plus souvent au détriment du comte. Enfin, la concentration entre les mains de l’évêque de l’episcopatus et du comitatus a paru évidente à partir du Xe siècle ; des relations conflictuelles avec le vicomte de Bourges révèlent bien l’importance du pouvoir qu’ils se disputent. A des moments très précis de flottement politique, l’évêque a semblé en effet être le seul dépositaire de la puissance publique, bénéficiant d’attributions larges notamment militaires, exacerbées par le contexte particulier de rupture sociale. Un sommet fut atteint avec la milice de paix d’Aimon de Bourbon en 1038 : l’archevêque, soutenu par les siens et au nom du roi, s’estime le seul apte à maintenir l’ordre public. Dans ces circonstances si particulières, il nous rappelle alors l’évêque carolingien-type, celui du Reichskirschensystem ; paradoxalement ce modèle n’avait encore jamais paru aussi éclatant. Mais presque trop tard, au moment où surviennent les idées prégrégoriennes et les diatribes monastiques contre la collusion des sphères spirituelle et temporelle. Après Aimon, l’Église de Bourges a déjà changé de visage. Moins à cause de la réforme grégorienne, sans effet immédiat, que des bouleversements sociaux profonds. De nouvelles forces sont apparues, pas forcément déterminantes, mais suffisantes pour cantonner désormais l’épiscopat dans un rôle avant tout religieux, s’exprimant essentiellement à travers la défense du patrimoine monastique et l’exercice d’une justice arbitrale d’envergure assez limitée.
Les différents acteurs du gouvernement épiscopal.
Les prélats n’ont pas gouverné seuls leur diocèse ; il fallait saisir l’importance de l’entourage de l’évêque et de ceux assurant le relais de son autorité. Pensons tout d’abord au chapitre cathédral ; si les traces sont minces dans les sources, son évolution, sa lente hiérarchisation, sa discipline et son affirmation aux côtés de l’évêque sont quand même perceptibles entre le VIe et le XIe siècle. C’est de ce chapitre cathédral en outre qu’émanent à l’origine les archidiacres et les archiprêtres, qui progressivement vont se fixer territorialement ; nous avons été attentifs à leur rôle auprès de l’évêque et dans le diocèse. L’autre extrémité de la hiérarchie ecclésiastique méritait une attention similaire : le clergé rural. Mêlé aux fidèles dont finalement peu de chose le distingue, il fut souvent négligé par l’historiographie alors que l’épiscopat, à travers les textes conciliaires et les capitula, s’est toujours soucié de sa tenue. Si l’on ne peut guère douter de la dépendance des prêtres aux propriétaires d’églises, il fallait toutefois montrer les modalités propres au Berry.
L’autorité épiscopale sur les chapitres et les monastères du diocèse.
L’évêque de Bourges est par définition le chef de tout le clergé diocésain et en conséquence son autorité doit s’exercer sur les communautés religieuses essaimant en Berry durant notre période. Il était nécessaire de décrire l’élan monastique de l’époque mérovingienne, la restauration carolingienne des grands monastères berrichons, la prolifération des collégiales dès la fin du Xe siècle, puis les différents courants de réforme du XIe siècle ; le large cadre chronologique a permis en outre de rendre compte de l’intégration politique et de l’évolution de ces pôles de pouvoir. L’essor seigneurial et les interventions pontificales ont pu perturber l’autorité épiscopale ; mais les évêques de Bourges ont su garder dans leur orbite plusieurs de ces « relais », monastères épiscopaux ou simples collégiales, et en créer d’autres dans des zones stratégiques. S’ils répondent à des besoins sociaux et spirituels, il n’en s’agit pas moins de pièces avancées sur un échiquier politique. Là encore en effet, les tenants religieux sont moins éclatants que les ambitions politiques. Monastères et chapitres ont des compétences différentes, mais servent en fait une cause commune : situés à Bourges et dans plusieurs localités stratégiques comme le long de la vallée du Cher, ils furent tous des points d’appui pour l’autorité de l’archevêque. La sienne certes, mais celle également de la royauté. Installées sur les terres fiscales, la majorité des abbayes mérovingiennes et carolingiennes révèlent bien la collusion des deux pouvoirs. En dépit des velléités d’indépendance, seigneuriales mais aussi monastiques, l’archevêque est parvenu à s’y ménager un accès. Rappelons en outre cette vague de collégiales qui se répand en Berry dès la fin du Xe siècle ; la première impression de pullulement désorganisé cède devant la révélation d’une avancée tactique de pions, le long des grands axes de circulation et dans la cité épiscopale. Zone de contact, le Berry est le terrain d’affrontements entre les grandes maisons seigneuriales de l’Ouest et le roi qui n’entend pas relâcher son effort. Dans ce conflit par communautés interposées, l’intervention épiscopale est là aussi décisive.
Modèle de sainteté épiscopale et contrôle du culte des saints.
Pour asseoir leur légitimité et leur autorité, les évêques ont en outre disposé d’un autre instrument de gouvernement : le culte des saints. Sa maîtrise permet aux évêques de toucher les populations, de consolider l’évangélisation des campagnes et de s’assurer, en se reposant sur le prestige de leurs prédécesseurs, une plus grande légitimité. A Bourges ce culte des saints s’est inscrit dans une politique d’affirmation du pouvoir épiscopal : les modèles mérovingiens de sainteté épiscopale rappelés au début de l’époque carolingienne dans une Église en plein renouveau, mais aussi la «mode » de l’apostolicité dont bénéficia à la fin du Xe siècle saint Ursin, le premier évêque de Bourges, sont les manifestations les plus évidentes d’un phénomène observé ailleurs.
C - L’évêque de Bourges, métropolitain et primat d’Aquitaine ?
Cette légitimité devait d’ailleurs assurer à Bourges un rang spécial au-delà des limites diocésaines. Il ne faut pas oublier que l’évêque de Bourges était également métropolitain dès l’origine. Quant au titre de primat d’Aquitaine, il apparaît parfois dans les sources, avant son officialisation au XIIe siècle. Derrière les titres, que trouve t-on ? Des auteurs du XIXe et XXe siècles s’efforcèrent d’exprimer la « grandeur » de Bourges, d’autres l’ont totalement éludée ; une mise au point était nécessaire.
Au premier abord, cette compétence provinciale paraît incongrue : la position très excentrée de Bourges au sein d’une province qui couvre une bonne partie du Massif Central, laisse entendre que cette autorité pour de simples raisons pratiques est peu réaliste. Aussi il s’agissait de montrer que ces prérogatives tant provinciales que primatiales, rappelées sporadiquement avec redondance, n’eurent de sens que dans la mesure où les autorités royales utilisèrent Bourges et son hôte comme des supports à leurs stratégies militaires. À l’époque mérovingienne, carolingienne ou capétienne, le même processus semble s’être répété.
Par cette attention que les rois lui portaient, Bourges fut donc la capitale de l’Aquitaine et on s’est plu à le rappeler chroniquement. Mais une capitale militaire plus qu’ecclésiastique en définitive, qu’on ne magnifia qu’en des circonstances très particulières, toujours en soutien des manœuvres royales. Les prérogatives provinciales et plus encore primatiales n’eurent de sens que parce qu’elles s’intégraient à des menées de plus grande envergure. À l’époque carolingienne par exemple, les archevêques de Bourges n’apparaissent jamais autant que durant les campagnes de Charles le Chauve en Aquitaine. Finalement la question n’est pas par exemple de savoir quand cette fameuse primatie (notion ici assez artificielle) est apparue, au IXe siècle, au XIe ou au XIIe siècle ; il est plus judicieux de chercher la place de Bourges dans les projets du pouvoir central. Ce fut en quelque sorte la faiblesse de cet évêché, qui contrairement à d’autres ne brilla tant que la royauté y était forte : on ne revêtit son occupant de titres prestigieux qu’au moment de partir en guerre.
Après ce parcours dans l’entourage épiscopal, il fallait se rendre davantage sur le terrain pour décrire la structuration du diocèse. Cette partie était moins ordinaire en ce qu’elle ne s’appuyait pas uniquement sur des textes, bien rares au demeurant, mais sur d’autres types de sources et sur les sciences dites annexes de l’Histoire. Le but est toutefois resté le même : détailler les institutions ecclésiastiques et leur évolution durant le haut Moyen Âge. Il fallait d’ailleurs s’intéresser initialement aux institutions publiques en général, tant elles ont conditionné la mise en place du diocèse.
II - Second axe de recherche : la structuration du diocèse.
Mener une telle enquête afin de suivre précisément l’édification du diocèse et la mise en place du réseau paroissial était indispensable. Fin XIe siècle, la « paroisse » en tant que territoire et entité juridique strictement délimités n’est pas encore tout à fait née, mais le diocèse est déjà couvert d’églises et de chapelles. En restant à l’écoute de facteurs (peuplement, zones d’implantation publique) l’ayant favorisé (A), il fallait retracer les étapes de cette constitution paroissiale en Berry, depuis l’Antiquité tardive jusqu’à l’époque féodale (B).
A - Considérations méthodologiques, appréciation des cadres sociaux et institutionnels.
Cette enquête a supposé de prendre en compte plusieurs paramètres et de redéfinir les critères de recherche. Plus ce maillage paroissial se faisait discret dans les sources et plus la méthode devait être rigoureuse. La prospection fut en effet limitée par le manque de textes. Mais une méthodologie nette et le croisement systématique de plusieurs types d’informations ont permis d’avancer avec assurance : citons l’archéologie qui nous a d’abord renseignés sur le peuplement, la patrocinie ou encore la toponymie avec toute la prudence requise pour l’utilisation de ces instruments. Mais par-dessus tout, il ne fallait pas perdre de vue une dimension essentielle : l’Église, avant que les structures centrales ne se désagrègent passé l’an mil, est depuis le IVe siècle un service public, fixé au sein d’infrastructures publiques et/ou collectives. L’implantation des édifices religieux, en dépit des apparences, fut loin d’être complètement hasardeuse. Il ne fallait bien sûr pas négliger la part du patronat privé qui dès l’époque mérovingienne éprouve le besoin d’édifier au cœur des grands domaines des oratoires et dont les sources ne révéleront jamais l’ordre et la chronologie fine de leur apparition. Il est certain aussi que le christianisme a progressé sur le territoire gaulois de façon aléatoire ; mais notre impuissance à connaître très précisément son implantation a pu être limitée en concentrant les recherches sur les secteurs les plus propices à l’accueil des églises rurales. D’où la nécessité de bien circonscrire ces régions humanisées de longue date, où se concentra l’implantation publique et qui en conséquence recueillirent préférentiellement les premiers lieux de culte chrétien. L’héritage antique est ici évident, et nous avons tenté de restituer au mieux le paysage institutionnel de l’Antiquité tardive, en acceptant de nous éloigner pour un temps de préoccupations strictement ecclésiastiques.
Ces premiers jalons posés, il était possible de repérer l’élaboration du réseau paroissial.
B - Étapes de la constitution du réseau paroissial.
On reconnaît classiquement trois grandes périodes : paléochrétienne/mérovingienne, carolingienne, et féodale. Nous avons repris cette périodisation pratique éprouvée par l’historiographie, sans dissimuler certaines nuances la relativisant parfois.
Le premier semis d’église aux époques paléochrétienne et mérovingienne.
Avec en toile de fond l’évolution du peuplement, il a été possible de reconnaître un réseau ancien de pôles où traditionnellement s’exerçait le pouvoir et où la nouvelle religion s’est fixée en priorité.
Cette première phase a laissé apparaître pour les époques paléochrétienne et mérovingienne un maillage lâche d’églises, couvrant inégalement le diocèse et plus serré le long des vallées et en Champagne berrichonne. C’est le paysage institutionnel du Bas-Empire qui apparaît. À partir de ce socle ancien, une expansion s’est produite, accompagnant les progrès économique et démographique des VIIe et VIIIe siècles, au-delà des grands axes de communication et des pôles majeurs d’activités.
Expansion et organisation paroissiale carolingienne.
Une seconde vague a pris en effet appui sur le premier semis en rapport, avec les défrichements les plus importants du haut Moyen Âge. Elle fut rendue aussi plus évidente par la législation du IXe siècle qui se chargea de régulariser ce flot, en rappelant certaines distinctions juridiques essentielles. A ce moment-là, le diocèse adopte une physionomie qui a gagné en stabilité.
L’épiscopat n’est bien sûr pas étranger à cette pénétration ; plusieurs exemples ont montré son intervention directe dans l’implantation des églises les plus anciennes. L’immensité du diocèse toutefois ne lui a pas permis de contrôler une expansion rapide et la dispersion à la fois de la dîme et du clergé rural. Mais il y a participé quand même, en redéfinissant les cadres ecclésiastiques et en comblant par endroits les lacunes du réseau.
Les paroisses féodales.
Cependant, à partir de la fin du Xe et du début du XIe siècle, alors qu’une troisième étape de développement paroissial survient, ce contrôle n’existe plus guère. Une dernière période, appelée commodément féodale, va se distinguer des précédentes : nos indices changent, alors que l’Église devient res privata. La mutation de la société, l’enchâtellement et les défrichements de l’extrémité de notre fourchette chronologique eurent un impact sur le peuplement et le paysage ecclésiastique, mais dans des proportions qu’il fallait toutefois relativiser. Cette fois-ci cependant notre démarche fut facilitée par davantage de textes informant sur ces nouveaux cadres et les récentes implantations castrales et monastiques. Cette phase correspond en effet à ce qui a été observé dans d’autres régions: la multiplication de nouveaux pôles de pouvoir, auprès desquels se fixent plus ou moins durablement les populations. Bourgs castraux et/ou monastiques parviennent ainsi à se tailler un territoire dans le vieux substrat, aux dépens des églises environnantes, non sans quelques réactions violentes si l’on en juge l’augmentation des conflits. Au XIe siècle, alors que la parochia, cette nouvelle entité territoriale et juridique se fige progressivement et devient un cadre de référence, le diocèse adopte une physionomie qui ne changera plus guère jusqu’à la Révolution.
Cette dernière partie sur la structuration du diocèse nous a amenés aux premières années du XIIe siècle, où nous nous sommes arrêtés. L’Église de Bourges en beaucoup de points présente désormais un tout autre visage, très différent de celui que nous venons d’étudier. Au contact de la société féodale, les institutions ecclésiastiques se sont considérablement modifiées, tout comme l’équilibre entre le pouvoir épiscopal et la royauté d’un côté et Rome de l’autre. Commence donc une nouvelle ère, celle de la chancellerie épiscopale, de l’indépendance du chapitre cathédral, de l’official, mais aussi de la séparation plus stricte —en tout cas souhaitée— des mondes spirituel et temporel. Mais ces nouvelles structures bien définies illustrées par des sources plus nombreuses et par une historiographie plus dense, ne doivent pas faire oublier cette longue période de gestation pour les institutions ecclésiastiques que fut le haut Moyen Âge.
I - Premier axe de recherche : le gouvernement épiscopal.
Dans cette première partie, il s’est agi, après un essai prosopographique concernant les évêques de Bourges (A), d’apprécier leur autorité et leur pouvoir d’action au sein de leur diocèse (B). Il fallait également rappeler que l’évêque de Bourges était également métropolitain, voire, un « primat » ; eu égard au contexte politique, ces compétences peuvent surprendre (C).
A - Prosopographie des évêques de Bourges.
Un préalable indispensable était de réviser la liste épiscopale pour prendre connaissance des évêques de Bourges. Une analyse prosopographique a permis de saisir une facette importante de leur personnalité et de leur capacité d’action. Agent du pouvoir, l’évêque berruyer bénéficie de prérogatives civiles héritées du Bas-Empire dont l’amplitude varie selon les rapports entretenus avec les autres élites dirigeantes. Des indices ont révélé la stabilité des relations de l’épiscopat avec le pouvoir royal, depuis l’époque mérovingienne jusqu’au XIe siècle. La position centrale de Bourges, au septentrion de l’Aquitaine, lui assura en effet un rang spécial. Le Berry, sorte de coin enfoncé dans une région rebelle, fut, quelle que soit l’époque, le point de passage obligé de toutes les campagnes militaires venues du Nord ; l’empressement des souverains à faire monter sur le siège épiscopal leurs favoris est en soi très révélateur. Sans négliger certaines périodes d’instabilité, il faut admettre en Berry une présence presque continuelle de la royauté appuyé sur ce pôle stable, bien avant la reconquête du XIIe siècle. De ce soutien mutuel d’ailleurs, résulta un moindre délitement des institutions environnantes.
Ce constat dressé, il était plus évident d’apprécier l’envergure des moyens d’action des évêques de Bourges.
B - Auctoritas et potestas episcopalis dans le diocèse de Bourges.
Nous nous sommes précisément intéressés à l’activité des prélats au sein du diocèse, exprimée de différentes façons, et pas uniquement sur le plan spirituel. Il s’agissait de mesurer la mise en œuvre de prérogatives calquées sur le modèle impérial romain, dévolues à l’épiscopat dans des proportions variables selon l’époque et l’endroit : leur auctoritas, mais aussi leur potestas.
Les moyens d’action de l’évêque.
Ces compétences, dont les contours en Berry ne sont jamais déterminés clairement, en regard de l’importance qu’on a bien voulu accorder à la capitale berruyère, furent extrêmement circonstanciées. Des sources réparties principalement entre le VIe et le XIe siècle ont permis d’apprécier la teneur de leurs attributions tant spirituelles que temporelles : prêcher mais aussi légiférer, juger et administrer. On y a d’abord retrouvé l’image assez classique de l’évêque mérovingien chef de sa civitas, mais dans des limites qu’il fallait circonscrire. Sont apparus ensuite les traits du prélat carolingien, dotés par la royauté de moyens d’action étendus le plus souvent au détriment du comte. Enfin, la concentration entre les mains de l’évêque de l’episcopatus et du comitatus a paru évidente à partir du Xe siècle ; des relations conflictuelles avec le vicomte de Bourges révèlent bien l’importance du pouvoir qu’ils se disputent. A des moments très précis de flottement politique, l’évêque a semblé en effet être le seul dépositaire de la puissance publique, bénéficiant d’attributions larges notamment militaires, exacerbées par le contexte particulier de rupture sociale. Un sommet fut atteint avec la milice de paix d’Aimon de Bourbon en 1038 : l’archevêque, soutenu par les siens et au nom du roi, s’estime le seul apte à maintenir l’ordre public. Dans ces circonstances si particulières, il nous rappelle alors l’évêque carolingien-type, celui du Reichskirschensystem ; paradoxalement ce modèle n’avait encore jamais paru aussi éclatant. Mais presque trop tard, au moment où surviennent les idées prégrégoriennes et les diatribes monastiques contre la collusion des sphères spirituelle et temporelle. Après Aimon, l’Église de Bourges a déjà changé de visage. Moins à cause de la réforme grégorienne, sans effet immédiat, que des bouleversements sociaux profonds. De nouvelles forces sont apparues, pas forcément déterminantes, mais suffisantes pour cantonner désormais l’épiscopat dans un rôle avant tout religieux, s’exprimant essentiellement à travers la défense du patrimoine monastique et l’exercice d’une justice arbitrale d’envergure assez limitée.
Les différents acteurs du gouvernement épiscopal.
Les prélats n’ont pas gouverné seuls leur diocèse ; il fallait saisir l’importance de l’entourage de l’évêque et de ceux assurant le relais de son autorité. Pensons tout d’abord au chapitre cathédral ; si les traces sont minces dans les sources, son évolution, sa lente hiérarchisation, sa discipline et son affirmation aux côtés de l’évêque sont quand même perceptibles entre le VIe et le XIe siècle. C’est de ce chapitre cathédral en outre qu’émanent à l’origine les archidiacres et les archiprêtres, qui progressivement vont se fixer territorialement ; nous avons été attentifs à leur rôle auprès de l’évêque et dans le diocèse. L’autre extrémité de la hiérarchie ecclésiastique méritait une attention similaire : le clergé rural. Mêlé aux fidèles dont finalement peu de chose le distingue, il fut souvent négligé par l’historiographie alors que l’épiscopat, à travers les textes conciliaires et les capitula, s’est toujours soucié de sa tenue. Si l’on ne peut guère douter de la dépendance des prêtres aux propriétaires d’églises, il fallait toutefois montrer les modalités propres au Berry.
L’autorité épiscopale sur les chapitres et les monastères du diocèse.
L’évêque de Bourges est par définition le chef de tout le clergé diocésain et en conséquence son autorité doit s’exercer sur les communautés religieuses essaimant en Berry durant notre période. Il était nécessaire de décrire l’élan monastique de l’époque mérovingienne, la restauration carolingienne des grands monastères berrichons, la prolifération des collégiales dès la fin du Xe siècle, puis les différents courants de réforme du XIe siècle ; le large cadre chronologique a permis en outre de rendre compte de l’intégration politique et de l’évolution de ces pôles de pouvoir. L’essor seigneurial et les interventions pontificales ont pu perturber l’autorité épiscopale ; mais les évêques de Bourges ont su garder dans leur orbite plusieurs de ces « relais », monastères épiscopaux ou simples collégiales, et en créer d’autres dans des zones stratégiques. S’ils répondent à des besoins sociaux et spirituels, il n’en s’agit pas moins de pièces avancées sur un échiquier politique. Là encore en effet, les tenants religieux sont moins éclatants que les ambitions politiques. Monastères et chapitres ont des compétences différentes, mais servent en fait une cause commune : situés à Bourges et dans plusieurs localités stratégiques comme le long de la vallée du Cher, ils furent tous des points d’appui pour l’autorité de l’archevêque. La sienne certes, mais celle également de la royauté. Installées sur les terres fiscales, la majorité des abbayes mérovingiennes et carolingiennes révèlent bien la collusion des deux pouvoirs. En dépit des velléités d’indépendance, seigneuriales mais aussi monastiques, l’archevêque est parvenu à s’y ménager un accès. Rappelons en outre cette vague de collégiales qui se répand en Berry dès la fin du Xe siècle ; la première impression de pullulement désorganisé cède devant la révélation d’une avancée tactique de pions, le long des grands axes de circulation et dans la cité épiscopale. Zone de contact, le Berry est le terrain d’affrontements entre les grandes maisons seigneuriales de l’Ouest et le roi qui n’entend pas relâcher son effort. Dans ce conflit par communautés interposées, l’intervention épiscopale est là aussi décisive.
Modèle de sainteté épiscopale et contrôle du culte des saints.
Pour asseoir leur légitimité et leur autorité, les évêques ont en outre disposé d’un autre instrument de gouvernement : le culte des saints. Sa maîtrise permet aux évêques de toucher les populations, de consolider l’évangélisation des campagnes et de s’assurer, en se reposant sur le prestige de leurs prédécesseurs, une plus grande légitimité. A Bourges ce culte des saints s’est inscrit dans une politique d’affirmation du pouvoir épiscopal : les modèles mérovingiens de sainteté épiscopale rappelés au début de l’époque carolingienne dans une Église en plein renouveau, mais aussi la «mode » de l’apostolicité dont bénéficia à la fin du Xe siècle saint Ursin, le premier évêque de Bourges, sont les manifestations les plus évidentes d’un phénomène observé ailleurs.
C - L’évêque de Bourges, métropolitain et primat d’Aquitaine ?
Cette légitimité devait d’ailleurs assurer à Bourges un rang spécial au-delà des limites diocésaines. Il ne faut pas oublier que l’évêque de Bourges était également métropolitain dès l’origine. Quant au titre de primat d’Aquitaine, il apparaît parfois dans les sources, avant son officialisation au XIIe siècle. Derrière les titres, que trouve t-on ? Des auteurs du XIXe et XXe siècles s’efforcèrent d’exprimer la « grandeur » de Bourges, d’autres l’ont totalement éludée ; une mise au point était nécessaire.
Au premier abord, cette compétence provinciale paraît incongrue : la position très excentrée de Bourges au sein d’une province qui couvre une bonne partie du Massif Central, laisse entendre que cette autorité pour de simples raisons pratiques est peu réaliste. Aussi il s’agissait de montrer que ces prérogatives tant provinciales que primatiales, rappelées sporadiquement avec redondance, n’eurent de sens que dans la mesure où les autorités royales utilisèrent Bourges et son hôte comme des supports à leurs stratégies militaires. À l’époque mérovingienne, carolingienne ou capétienne, le même processus semble s’être répété.
Par cette attention que les rois lui portaient, Bourges fut donc la capitale de l’Aquitaine et on s’est plu à le rappeler chroniquement. Mais une capitale militaire plus qu’ecclésiastique en définitive, qu’on ne magnifia qu’en des circonstances très particulières, toujours en soutien des manœuvres royales. Les prérogatives provinciales et plus encore primatiales n’eurent de sens que parce qu’elles s’intégraient à des menées de plus grande envergure. À l’époque carolingienne par exemple, les archevêques de Bourges n’apparaissent jamais autant que durant les campagnes de Charles le Chauve en Aquitaine. Finalement la question n’est pas par exemple de savoir quand cette fameuse primatie (notion ici assez artificielle) est apparue, au IXe siècle, au XIe ou au XIIe siècle ; il est plus judicieux de chercher la place de Bourges dans les projets du pouvoir central. Ce fut en quelque sorte la faiblesse de cet évêché, qui contrairement à d’autres ne brilla tant que la royauté y était forte : on ne revêtit son occupant de titres prestigieux qu’au moment de partir en guerre.
Après ce parcours dans l’entourage épiscopal, il fallait se rendre davantage sur le terrain pour décrire la structuration du diocèse. Cette partie était moins ordinaire en ce qu’elle ne s’appuyait pas uniquement sur des textes, bien rares au demeurant, mais sur d’autres types de sources et sur les sciences dites annexes de l’Histoire. Le but est toutefois resté le même : détailler les institutions ecclésiastiques et leur évolution durant le haut Moyen Âge. Il fallait d’ailleurs s’intéresser initialement aux institutions publiques en général, tant elles ont conditionné la mise en place du diocèse.
II - Second axe de recherche : la structuration du diocèse.
Mener une telle enquête afin de suivre précisément l’édification du diocèse et la mise en place du réseau paroissial était indispensable. Fin XIe siècle, la « paroisse » en tant que territoire et entité juridique strictement délimités n’est pas encore tout à fait née, mais le diocèse est déjà couvert d’églises et de chapelles. En restant à l’écoute de facteurs (peuplement, zones d’implantation publique) l’ayant favorisé (A), il fallait retracer les étapes de cette constitution paroissiale en Berry, depuis l’Antiquité tardive jusqu’à l’époque féodale (B).
A - Considérations méthodologiques, appréciation des cadres sociaux et institutionnels.
Cette enquête a supposé de prendre en compte plusieurs paramètres et de redéfinir les critères de recherche. Plus ce maillage paroissial se faisait discret dans les sources et plus la méthode devait être rigoureuse. La prospection fut en effet limitée par le manque de textes. Mais une méthodologie nette et le croisement systématique de plusieurs types d’informations ont permis d’avancer avec assurance : citons l’archéologie qui nous a d’abord renseignés sur le peuplement, la patrocinie ou encore la toponymie avec toute la prudence requise pour l’utilisation de ces instruments. Mais par-dessus tout, il ne fallait pas perdre de vue une dimension essentielle : l’Église, avant que les structures centrales ne se désagrègent passé l’an mil, est depuis le IVe siècle un service public, fixé au sein d’infrastructures publiques et/ou collectives. L’implantation des édifices religieux, en dépit des apparences, fut loin d’être complètement hasardeuse. Il ne fallait bien sûr pas négliger la part du patronat privé qui dès l’époque mérovingienne éprouve le besoin d’édifier au cœur des grands domaines des oratoires et dont les sources ne révéleront jamais l’ordre et la chronologie fine de leur apparition. Il est certain aussi que le christianisme a progressé sur le territoire gaulois de façon aléatoire ; mais notre impuissance à connaître très précisément son implantation a pu être limitée en concentrant les recherches sur les secteurs les plus propices à l’accueil des églises rurales. D’où la nécessité de bien circonscrire ces régions humanisées de longue date, où se concentra l’implantation publique et qui en conséquence recueillirent préférentiellement les premiers lieux de culte chrétien. L’héritage antique est ici évident, et nous avons tenté de restituer au mieux le paysage institutionnel de l’Antiquité tardive, en acceptant de nous éloigner pour un temps de préoccupations strictement ecclésiastiques.
Ces premiers jalons posés, il était possible de repérer l’élaboration du réseau paroissial.
B - Étapes de la constitution du réseau paroissial.
On reconnaît classiquement trois grandes périodes : paléochrétienne/mérovingienne, carolingienne, et féodale. Nous avons repris cette périodisation pratique éprouvée par l’historiographie, sans dissimuler certaines nuances la relativisant parfois.
Le premier semis d’église aux époques paléochrétienne et mérovingienne.
Avec en toile de fond l’évolution du peuplement, il a été possible de reconnaître un réseau ancien de pôles où traditionnellement s’exerçait le pouvoir et où la nouvelle religion s’est fixée en priorité.
Cette première phase a laissé apparaître pour les époques paléochrétienne et mérovingienne un maillage lâche d’églises, couvrant inégalement le diocèse et plus serré le long des vallées et en Champagne berrichonne. C’est le paysage institutionnel du Bas-Empire qui apparaît. À partir de ce socle ancien, une expansion s’est produite, accompagnant les progrès économique et démographique des VIIe et VIIIe siècles, au-delà des grands axes de communication et des pôles majeurs d’activités.
Expansion et organisation paroissiale carolingienne.
Une seconde vague a pris en effet appui sur le premier semis en rapport, avec les défrichements les plus importants du haut Moyen Âge. Elle fut rendue aussi plus évidente par la législation du IXe siècle qui se chargea de régulariser ce flot, en rappelant certaines distinctions juridiques essentielles. A ce moment-là, le diocèse adopte une physionomie qui a gagné en stabilité.
L’épiscopat n’est bien sûr pas étranger à cette pénétration ; plusieurs exemples ont montré son intervention directe dans l’implantation des églises les plus anciennes. L’immensité du diocèse toutefois ne lui a pas permis de contrôler une expansion rapide et la dispersion à la fois de la dîme et du clergé rural. Mais il y a participé quand même, en redéfinissant les cadres ecclésiastiques et en comblant par endroits les lacunes du réseau.
Les paroisses féodales.
Cependant, à partir de la fin du Xe et du début du XIe siècle, alors qu’une troisième étape de développement paroissial survient, ce contrôle n’existe plus guère. Une dernière période, appelée commodément féodale, va se distinguer des précédentes : nos indices changent, alors que l’Église devient res privata. La mutation de la société, l’enchâtellement et les défrichements de l’extrémité de notre fourchette chronologique eurent un impact sur le peuplement et le paysage ecclésiastique, mais dans des proportions qu’il fallait toutefois relativiser. Cette fois-ci cependant notre démarche fut facilitée par davantage de textes informant sur ces nouveaux cadres et les récentes implantations castrales et monastiques. Cette phase correspond en effet à ce qui a été observé dans d’autres régions: la multiplication de nouveaux pôles de pouvoir, auprès desquels se fixent plus ou moins durablement les populations. Bourgs castraux et/ou monastiques parviennent ainsi à se tailler un territoire dans le vieux substrat, aux dépens des églises environnantes, non sans quelques réactions violentes si l’on en juge l’augmentation des conflits. Au XIe siècle, alors que la parochia, cette nouvelle entité territoriale et juridique se fige progressivement et devient un cadre de référence, le diocèse adopte une physionomie qui ne changera plus guère jusqu’à la Révolution.
Cette dernière partie sur la structuration du diocèse nous a amenés aux premières années du XIIe siècle, où nous nous sommes arrêtés. L’Église de Bourges en beaucoup de points présente désormais un tout autre visage, très différent de celui que nous venons d’étudier. Au contact de la société féodale, les institutions ecclésiastiques se sont considérablement modifiées, tout comme l’équilibre entre le pouvoir épiscopal et la royauté d’un côté et Rome de l’autre. Commence donc une nouvelle ère, celle de la chancellerie épiscopale, de l’indépendance du chapitre cathédral, de l’official, mais aussi de la séparation plus stricte —en tout cas souhaitée— des mondes spirituel et temporel. Mais ces nouvelles structures bien définies illustrées par des sources plus nombreuses et par une historiographie plus dense, ne doivent pas faire oublier cette longue période de gestation pour les institutions ecclésiastiques que fut le haut Moyen Âge.
Année
2004
Type
Thèse
Pages
806 p.
Mot-clé
Moyen Âge
Cures - Curés
Paroisses
Primat
Métropolitain
Monastères
Archiprêtres
Archidiacres
Chapitre
Potestas
Auctoritas
Gouvernement épiscopal
Villes - Villages
Berry
Bourges (Cher)
Diocèses
IVe, Ve, VIe, VIIe, VIIIe, IXe, Xe, XIe
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Métropolitain
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