À la croisée des régimes. La carrière de l’avocat bordelais Jean-Baptiste-Sylvère de Gaye de Martignac (1778-1832). [Bordeaux (Gironde)]. [Thèse].
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Titre
À la croisée des régimes. La carrière de l’avocat bordelais Jean-Baptiste-Sylvère de Gaye de Martignac (1778-1832). [Bordeaux (Gironde)]. [Thèse].
[Thèse de l'École des chartes, 1999].
Introduction de la thèse :
Ère de l’avènement des masses dans la politique française, le XIXe siècle évoque pourtant nombre de visages de personnalités qui incarnèrent les régimes successifs. La monarchie constitutionnelle est ainsi symbolisée par des protagonistes bien connus, tels que Constant, Guizot, Perier, Decazes, Villèle ou Thiers. Or, à parcourir cette galerie d’hommes d’État, on peut s’étonner du désintérêt dont est l’objet Martignac, pourtant leur pair, puisqu’il fut député de Marmande, conseiller du prince d’Angoulême lors de l’expédition d’Espagne de 1823 et ministre de l’Intérieur. Seuls de trop rares travaux d’intérêt local et un ouvrage d’E. Daudet, ne portant que sur le politicien d’envergure nationale des années 1828-1832, brossent un portrait incomplet de l’avocat du Sud-Ouest. Trois raisons expliquent cette indifférence : l’absence de mémoires de l’intéressé, jointe à l’éparpillement des sources, et le traitement partial dont souffrit longtemps la Restauration. Parce que les idéaux de cette période appartiennent désormais au passé, il devient possible de comprendre dans son contexte la figure d’un fils de bonne famille, dont l’ascension sociale et politique traduit de manière emblématique les possibilités de <i>cursus honorum</i> qui s’offraient aux notables. La famille, le milieu géographique et social d’origine, la formation intellectuelle sont autant de clefs qui permettent de saisir la stratégie déployée pour gagner à soi des personnes influentes, briguer postes et honneurs et contenter le régime en place pour autant qu’il satisfasse les espoirs placés en lui.
Le rôle particulier de Bordeaux dans le rétablissement des Bourbons fut le point de départ d’une irrésistible montée de Martignac, qui profita de la parlementarisation progressive de la Restauration pour se tailler à la Chambre des députés une réputation d’orateur de premier ordre. La réussite de sa mission politique aux côtés du duc d’Angoulême en Espagne prouva, en outre, ses qualités de médiateur et de grandes capacités de travail. Une étude serrée de ces moments charnières permet d’appréhender davantage l’originalité du député de Marmande, avant son accession au pouvoir.
L’exposé de son passage au ministère de l’intérieur, auquel on le réduit trop souvent, aurait paru trivial, tant le récit de son échec a été ressassé. Des éléments essentiels ont pourtant été négligés, car, au-delà du contexte institutionnel, les enjeux et les méthodes de Martignac n’ont pas toujours été cernés avec justesse. Un point aussi capital que l’analyse prosopographique de ses lieutenants n’avait jamais été traité. Quelque indispensable que soit l’étude des grands dossiers, tels que la question des petits séminaires, le problème de la décentralisation, l’établissement de nouvelles règles concernant les élections, ceux-ci ne doivent pas faire oublier d’autres aspects de sa gestion, qui ne s’avèrent pas moins éclairants pour interpréter la conception que le Bordelais avait de sa tâche, à la tête du ministère le plus puissant : les volets culturel ou social de son action en offrent des exemples.
Maître d’œuvre de l’ultime conciliation entre Charles X et l’opinion publique, Martignac, quoique en butte à l’hostilité active de l’entourage royal, n’en désavoua pas moins la révolution de Juillet et, à l’instar de Desèze en 1793, défendit la dynastie déchue et Polignac. Nulle velléité de conspiration contre les Orléans ne s’y attachait, néanmoins : soucieux de maintenir l’ordre social, hiérarchique, dominé par les propriétaires fonciers, Martignac appuyait les efforts du gouvernement, en notable qu’il était. Il faut s’interroger sur cette notion de notable, à travers un examen de la fortune du Bordelais, du relais qu’il représentait pour les habitants de Marmande ou de Brive, entre eux et Paris, et de la conscience qu’il avait de sa fonction.
L’exemplarité de ce destin invite donc à emprunter des pistes de recherche diverses, dans un va-et-vient constant entre l’histoire locale et les grands débats nationaux, entre l’individu, les réseaux et le peuple, entre les traces archivistiques et le travail de mémoire de ceux des contemporains de Martignac qui l’évoquent dans leurs souvenirs.
[Thèse de l'École des chartes, 1999].
Introduction de la thèse :
Ère de l’avènement des masses dans la politique française, le XIXe siècle évoque pourtant nombre de visages de personnalités qui incarnèrent les régimes successifs. La monarchie constitutionnelle est ainsi symbolisée par des protagonistes bien connus, tels que Constant, Guizot, Perier, Decazes, Villèle ou Thiers. Or, à parcourir cette galerie d’hommes d’État, on peut s’étonner du désintérêt dont est l’objet Martignac, pourtant leur pair, puisqu’il fut député de Marmande, conseiller du prince d’Angoulême lors de l’expédition d’Espagne de 1823 et ministre de l’Intérieur. Seuls de trop rares travaux d’intérêt local et un ouvrage d’E. Daudet, ne portant que sur le politicien d’envergure nationale des années 1828-1832, brossent un portrait incomplet de l’avocat du Sud-Ouest. Trois raisons expliquent cette indifférence : l’absence de mémoires de l’intéressé, jointe à l’éparpillement des sources, et le traitement partial dont souffrit longtemps la Restauration. Parce que les idéaux de cette période appartiennent désormais au passé, il devient possible de comprendre dans son contexte la figure d’un fils de bonne famille, dont l’ascension sociale et politique traduit de manière emblématique les possibilités de <i>cursus honorum</i> qui s’offraient aux notables. La famille, le milieu géographique et social d’origine, la formation intellectuelle sont autant de clefs qui permettent de saisir la stratégie déployée pour gagner à soi des personnes influentes, briguer postes et honneurs et contenter le régime en place pour autant qu’il satisfasse les espoirs placés en lui.
Le rôle particulier de Bordeaux dans le rétablissement des Bourbons fut le point de départ d’une irrésistible montée de Martignac, qui profita de la parlementarisation progressive de la Restauration pour se tailler à la Chambre des députés une réputation d’orateur de premier ordre. La réussite de sa mission politique aux côtés du duc d’Angoulême en Espagne prouva, en outre, ses qualités de médiateur et de grandes capacités de travail. Une étude serrée de ces moments charnières permet d’appréhender davantage l’originalité du député de Marmande, avant son accession au pouvoir.
L’exposé de son passage au ministère de l’intérieur, auquel on le réduit trop souvent, aurait paru trivial, tant le récit de son échec a été ressassé. Des éléments essentiels ont pourtant été négligés, car, au-delà du contexte institutionnel, les enjeux et les méthodes de Martignac n’ont pas toujours été cernés avec justesse. Un point aussi capital que l’analyse prosopographique de ses lieutenants n’avait jamais été traité. Quelque indispensable que soit l’étude des grands dossiers, tels que la question des petits séminaires, le problème de la décentralisation, l’établissement de nouvelles règles concernant les élections, ceux-ci ne doivent pas faire oublier d’autres aspects de sa gestion, qui ne s’avèrent pas moins éclairants pour interpréter la conception que le Bordelais avait de sa tâche, à la tête du ministère le plus puissant : les volets culturel ou social de son action en offrent des exemples.
Maître d’œuvre de l’ultime conciliation entre Charles X et l’opinion publique, Martignac, quoique en butte à l’hostilité active de l’entourage royal, n’en désavoua pas moins la révolution de Juillet et, à l’instar de Desèze en 1793, défendit la dynastie déchue et Polignac. Nulle velléité de conspiration contre les Orléans ne s’y attachait, néanmoins : soucieux de maintenir l’ordre social, hiérarchique, dominé par les propriétaires fonciers, Martignac appuyait les efforts du gouvernement, en notable qu’il était. Il faut s’interroger sur cette notion de notable, à travers un examen de la fortune du Bordelais, du relais qu’il représentait pour les habitants de Marmande ou de Brive, entre eux et Paris, et de la conscience qu’il avait de sa fonction.
L’exemplarité de ce destin invite donc à emprunter des pistes de recherche diverses, dans un va-et-vient constant entre l’histoire locale et les grands débats nationaux, entre l’individu, les réseaux et le peuple, entre les traces archivistiques et le travail de mémoire de ceux des contemporains de Martignac qui l’évoquent dans leurs souvenirs.
Auteur
BOYER, Fabrice
Année
1999
Type
Thèse
Mot-clé
Jean-Baptiste-Sylvère de Gaye de Martignac (1778-1832)
Avocats
Bordeaux (Gironde)
Villes - Villages
Guyenne
Biographies
Ministres
Ministère de l'Intérieur
Députés
Notables
Histoire politique
Restauration
Biographies
XVIIIe, XIXe
Avocats
Bordeaux (Gironde)
Villes - Villages
Guyenne
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Ministres
Ministère de l'Intérieur
Députés
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Histoire politique
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Biographies
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