L’administration d’Alphonse de Poitiers en Poitou et en Saintonge. (1241-1271). [Thèse].
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Titre
L’administration d’Alphonse de Poitiers en Poitou et en Saintonge. (1241-1271). [Thèse].
[Thèse de l'École des chartes, 2008].
Introduction de la thèse :
Quatrième fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, frère de saint Louis, Alphonse de Poitiers souffre du trop grand éclat de son entourage familial. Ses ambitions politiques et religieuses se confondent trop souvent avec celles du roi pour paraître distinctes ou originales. Résumé à ses grandes lignes, son gouvernement témoigne surtout du lien organique qui lie le comte à son aîné. En juin 1241, lorsqu’il reçoit le Poitou, la Saintonge et l’Auvergne en apanage – avant la lettre –, Alphonse de Poitiers est aussitôt réduit à l’état de dépendance vis-à-vis du roi, seul capable de venir à bout de la révolte des barons poitevins de 1242. Quelques années plus tard, c’est encore le roi qui a l’initiative de la croisade d’Égypte, dont le comte n’est qu’un participant très mineur. Renvoyé en France comme régent entre 1250 et 1254, il reste dans l’ombre d’un roi pourtant absent. En quelque sorte débordé par les événements périphériques, en Flandres et en Gascogne, il est victime des chroniqueurs qui mettent en scène le retour du roi, en 1254, seul homme capable de restaurer l’ordre du royaume. La croisade de Tunis enfin, à l’issue de laquelle le comte trouve finalement la mort à Savone, en août 1271, est encore et toujours un projet royal avant tout.
De ce schéma directeur, les historiens ont globalement conservé l’image d’un prince effacé, soumis en tout à l’autorité de son frère. Alphonse de Poitiers est pourtant à la tête du plus vaste ensemble territorial du royaume après le domaine royal. Outre son « apanage », il reçoit en garde, après la mort de son beau-père, Raymond VII de Toulouse en septembre 1249, le Toulousain, le Rouergue, l’Albigeois, l’Agenais, le Quercy et le Venaissin. De son activité domaniale, le comte a laissé de très nombreuses preuves au Trésor des chartes : actes, comptes, enquêtes et mandements. Cette masse a forcé l’intérêt des historiens, Edgard Boutaric en tête, qui a érigé le personnage en un modèle d’efficacité administrative : « l’histoire d’Alphonse est celle de son administration ». La sentence a tué dans l’œuf l’histoire politique propre du comte de Poitiers, pour consacrer l’étude d’une administration comme pâle copie de celle du roi.
Le résultat est une dissociation préjudiciable de l’étude de l’administration de son contexte politique, évacué pour fait de banalité. On ne connaît de cette entité que les caractères généraux, livrés sans les rapports qu’elle entretient avec l’espace qu’elle organise. Les enjeux politiques et économiques, y compris à l’échelon le plus local, éclairent pourtant sensiblement l’action domaniale d’Alphonse de Poitiers. En focalisant l’attention sur la chronologie, actes et comptes dessinent un subtil balancement entre fermeté et souplesse au gré des exigences de la croisade. Cette dernière dicte, en quelque sorte, les directives d’une gestion réactive, en perpétuelle recherche de rentabilité. Loin de former un bloc de trente ans d’intégration inflexible aux domaines capétiens, l’histoire de l’administration d’Alphonse de Poitiers est celle d’un laboratoire politique et domanial, s’essayant à concilier des revenus limités et le sens de la justice, à une gourmande politique de grandeur. Les éléments de la croissance de l’État du XIVe siècle sont déjà en place.
[Thèse de l'École des chartes, 2008].
Introduction de la thèse :
Quatrième fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, frère de saint Louis, Alphonse de Poitiers souffre du trop grand éclat de son entourage familial. Ses ambitions politiques et religieuses se confondent trop souvent avec celles du roi pour paraître distinctes ou originales. Résumé à ses grandes lignes, son gouvernement témoigne surtout du lien organique qui lie le comte à son aîné. En juin 1241, lorsqu’il reçoit le Poitou, la Saintonge et l’Auvergne en apanage – avant la lettre –, Alphonse de Poitiers est aussitôt réduit à l’état de dépendance vis-à-vis du roi, seul capable de venir à bout de la révolte des barons poitevins de 1242. Quelques années plus tard, c’est encore le roi qui a l’initiative de la croisade d’Égypte, dont le comte n’est qu’un participant très mineur. Renvoyé en France comme régent entre 1250 et 1254, il reste dans l’ombre d’un roi pourtant absent. En quelque sorte débordé par les événements périphériques, en Flandres et en Gascogne, il est victime des chroniqueurs qui mettent en scène le retour du roi, en 1254, seul homme capable de restaurer l’ordre du royaume. La croisade de Tunis enfin, à l’issue de laquelle le comte trouve finalement la mort à Savone, en août 1271, est encore et toujours un projet royal avant tout.
De ce schéma directeur, les historiens ont globalement conservé l’image d’un prince effacé, soumis en tout à l’autorité de son frère. Alphonse de Poitiers est pourtant à la tête du plus vaste ensemble territorial du royaume après le domaine royal. Outre son « apanage », il reçoit en garde, après la mort de son beau-père, Raymond VII de Toulouse en septembre 1249, le Toulousain, le Rouergue, l’Albigeois, l’Agenais, le Quercy et le Venaissin. De son activité domaniale, le comte a laissé de très nombreuses preuves au Trésor des chartes : actes, comptes, enquêtes et mandements. Cette masse a forcé l’intérêt des historiens, Edgard Boutaric en tête, qui a érigé le personnage en un modèle d’efficacité administrative : « l’histoire d’Alphonse est celle de son administration ». La sentence a tué dans l’œuf l’histoire politique propre du comte de Poitiers, pour consacrer l’étude d’une administration comme pâle copie de celle du roi.
Le résultat est une dissociation préjudiciable de l’étude de l’administration de son contexte politique, évacué pour fait de banalité. On ne connaît de cette entité que les caractères généraux, livrés sans les rapports qu’elle entretient avec l’espace qu’elle organise. Les enjeux politiques et économiques, y compris à l’échelon le plus local, éclairent pourtant sensiblement l’action domaniale d’Alphonse de Poitiers. En focalisant l’attention sur la chronologie, actes et comptes dessinent un subtil balancement entre fermeté et souplesse au gré des exigences de la croisade. Cette dernière dicte, en quelque sorte, les directives d’une gestion réactive, en perpétuelle recherche de rentabilité. Loin de former un bloc de trente ans d’intégration inflexible aux domaines capétiens, l’histoire de l’administration d’Alphonse de Poitiers est celle d’un laboratoire politique et domanial, s’essayant à concilier des revenus limités et le sens de la justice, à une gourmande politique de grandeur. Les éléments de la croissance de l’État du XIVe siècle sont déjà en place.
Auteur
CHENARD, Gaël
Année
2008
Type
Thèse
Mot-clé
Alphonse de Poitiers (1220-1271)
Administration provinciale
Poitou
Saintonge (Charente-Maritime)
Apanages - Apanagistes
XIIIe
Administration provinciale
Poitou
Saintonge (Charente-Maritime)
Apanages - Apanagistes
XIIIe