Bibliographie d'histoire du droit en langue française

logo UL

Les toiles d'Armentières. Entreprises et entrepreneurs du lin (XIXe-XXIe siècles). [Nord]. [Thèse].

Contenu

Titre

Les toiles d'Armentières. Entreprises et entrepreneurs du lin (XIXe-XXIe siècles). [Nord]. [Thèse].
[Thèse de doctorat, Histoire contemporaine, Valenciennes, 2015].
Résumé de la thèse :
Longtemps appelée la « cité de la toile », Armentières a vu sa prospérité reposer, un siècle durant, sur la fabrication et la commercialisation des tissus majoritairement en lin. Pourtant, si cette ville manufacturière a largement contribué à la renommée textile de la région lilloise, elle est restée en retrait par rapport à Lille, Roubaix et Tourcoing. C’est si vrai qu’aujourd’hui encore, on peine à retrouver les traces du riche patrimoine industriel dont elle disposait il y a trois ou quatre décennies. Contrairement à ses prestigieuses voisines, faute de réhabilitation et de reconversion de son bâti usinier, elle a tourné le dos à son passé comme si celui-ci ne valait pas la peine que l’on s’y attarde. Aussi, entre requalification des friches et absence de volonté pour valoriser ce qui reste du patrimoine industriel, on oublierait presque qu’Armentières a été de temps immémoriaux un centre manufacturier non pas secondaire mais second. Grâce aux nouvelles techniques numériques et aux ressources désormais mises à la disposition du chercheur, il est malgré tout possible de reconstituer l’empreinte que l’industrie a laissée dans le tissu urbain. Emprise foncière des bâtiments dévolus à la fabrication ou à la commercialisation des toiles, procédés constructifs et matériaux, organisation des lieux productifs : il a fallu exhumer et agencer toute la documentation disponible pour faire ressurgir un passé en quasi-totalité disparu. Pourtant, quand il s’est agi, dès le milieu du XIXe siècle, de répondre aux défis des marchés, les entrepreneurs locaux ont réussi à développer la convoitise de la clientèle pour le linge de maison et de table. Ils ont également répondu avec succès aux demandes toujours plus exigeantes de l’armée et des administrations. Bref, en valorisant la tradition tout en répondant aux exigences de produits « techniques », les industriels d’Armentières sont parvenus, autour du travail du lin, à imposer la localité comme une véritable marque de fabrique pour mieux soutenir la comparaison avec leurs puissants voisins. Mais cette conquête des marchés n’aurait pas eu lieu sans une indéniable capacité à maîtriser le travail d’une fibre longtemps rétive à la mécanisation. Aussi, pénétrer dans les usines, recenser les matériels et retrouver les gestes du fileur et du tisseur étaient indispensable pour comprendre comment, par delà les vicissitudes de la conjoncture, les défis techniques ont été relevés afin de conjuguer production de masse, qualité de la marchandise et coûts de fabrication. Histoire des lieux de la production, des marchandises et de la fabrication des toiles, ce travail entend également revenir sur le milieu des patrons armentiérois déjà étudié, non sans complaisance envers son milieu d’origine, par Lambert-Dansette. Les sources de l’Enregistrement et les actes notariés, entre autres, ont permis de revenir sur les origines géographiques et sociales des entrepreneurs puis de s’interroger sur les montages juridiques, les financements et les modes de gestion qui ont rendu possible cette aventure industrielle. C’était là l’occasion de mesurer la spécificité du monde des liniers au sein du patronat régional et, plus encore, de comprendre leur étonnante capacité à repousser, à partir des années 1930, les échéances d’une mort annoncée. Soucieux de souscrire à la « main invisible du marché » et de sanctifier tous les dogmes libéraux, les patrons d’Armentières ne s’arrangent-ils pour bénéficier de l’aide de l’État dont ils attendent à la fois une relative souplesse à leur égard et, singulièrement une protection infaillible ? En définitive, le choix délibéré de faire l’histoire en longue durée des entreprises et des entrepreneurs du lin à une échelle locale permet de réinterroger les modes de coordinations et les combinaisons multiples qui, en mariant le local et le global, autorisent à saisir d’un seul tenant tous les déterminants spatiaux du capitalisme.

Auteur

SMAGHUE, Nicolas

Année

2015

Type

Thèse

Mot-clé

Armentières (Nord)
Villes - Villages
Flandre (Nord)
Industrie du lin
Textiles - Draps - Tissus
Histoire des entreprises
Entrepreneurs
Friches industrielles
XIXe, XXe, XXIe

Thésaurus