La joie de la liberté et le prix de la respectabilité. Autour des chartes d'affranchissement anglaises et d'actes français analogues (v. 1160-1307).
Item
Titre
La joie de la liberté et le prix de la respectabilité. Autour des chartes d'affranchissement anglaises et d'actes français analogues (v. 1160-1307).
Auteur
HYAMS, Paul-R.
Résumé
Résumé de l'article :
Le droit anglais a beaucoup emprunté aux coutumes de la France de l'Ouest, et les sources du droit de part et d'autre, quoique fort éloignées en apparence, sont plutôt complémentaires. Le présent article repose sur l'analyse de cent soixante-dix chartes d'affranchissement de toute l'Angleterre. Rédigées dans un style « français » quoique sans équivalent précis en France, elles révèlent la célébration ordinaire de rites pour la sortie du servage dans des formes évoquant celle qui sur le continent marquaient l'entrée dans une dépendance. Les actes anglais font intervenir un patron bienveillant, souvent un saint, comme tierce partie entre l'affranchi et son ancien seigneur pour garantir une liberté réelle, et ils rapportent les faits selon des formules que l'enseignement juridique des écoles tarda à traduire en un langage plus régulier. L'existence de ces « sainteurs » à la mode anglaise, soumis au chevage mais vivant clairement en hommes libres, n'est pas sans incidence sur les théories de la servitude en Europe développées à partir de Marc Bloch. Elle peut jeter un doute sur la pertinence de l'opposition binaire entre serf et esclave, appliquée aux formes de dépendance propres à l'Europe occidentale avant 1300. La fréquence des affranchissements, attestée par ces chartes, incite à reconsidérer l'histoire des vilains en Angleterre. Et le fait que certaines ne disent manifestement pas les faits tels qu'ils furent a aussi des conséquences plus générales pour l'étude des chartes sur les deux rives de la Manche.
Le droit anglais a beaucoup emprunté aux coutumes de la France de l'Ouest, et les sources du droit de part et d'autre, quoique fort éloignées en apparence, sont plutôt complémentaires. Le présent article repose sur l'analyse de cent soixante-dix chartes d'affranchissement de toute l'Angleterre. Rédigées dans un style « français » quoique sans équivalent précis en France, elles révèlent la célébration ordinaire de rites pour la sortie du servage dans des formes évoquant celle qui sur le continent marquaient l'entrée dans une dépendance. Les actes anglais font intervenir un patron bienveillant, souvent un saint, comme tierce partie entre l'affranchi et son ancien seigneur pour garantir une liberté réelle, et ils rapportent les faits selon des formules que l'enseignement juridique des écoles tarda à traduire en un langage plus régulier. L'existence de ces « sainteurs » à la mode anglaise, soumis au chevage mais vivant clairement en hommes libres, n'est pas sans incidence sur les théories de la servitude en Europe développées à partir de Marc Bloch. Elle peut jeter un doute sur la pertinence de l'opposition binaire entre serf et esclave, appliquée aux formes de dépendance propres à l'Europe occidentale avant 1300. La fréquence des affranchissements, attestée par ces chartes, incite à reconsidérer l'histoire des vilains en Angleterre. Et le fait que certaines ne disent manifestement pas les faits tels qu'ils furent a aussi des conséquences plus générales pour l'étude des chartes sur les deux rives de la Manche.
Année
2006
Type
Article
Titre du périodique
Titre court
B.E.C.
Numéro
2006, tome 164-2, p. 371-389
Mot-clé
Serfs - Servage
Chartes d'affranchissement
Angleterre
Chartriers - Chartes - Cartulaires
XIIe, XIIIe, XIVe
Chartes d'affranchissement
Angleterre
Chartriers - Chartes - Cartulaires
XIIe, XIIIe, XIVe
URL
DOI : https://doi.org/10.3406/bec.2006.463705
www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2006_num_164_2_463705
www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2006_num_164_2_463705