La fraternité des vélléités aux anticipations (1814-1830).

Titre

Auteur

DAVID, Marcel

Résumé

Sous la Restauration, la fraternité ne passe pas pour avoir joué un bien grand rôle. Cette perte d'influence par rapport à la période révolutionnaire a-t-elle été aussi complète qu'on l'admet à l'ordinaire ? Divers indices, notamment la clause de la Charte de 1814 qui se réfère explicitement à la fraternité, incitent à penser qu'un sort moins ingrat lui fut réservé. Mais force est de constater qu'au sommet de l'Etat le regain de fraternité n'a été qu'un feu de paille. Les contre-révolutionnaires, fort bien disposés à l'égard de la solidarité dans une perspective organiciste, vouent la fraternité aux gémonies, pour autant qu'elle leur paraît avoir partie liée avec la devise jacobine. Il en va différemment de Ballanche, qui pourtant leur est apparenté, et surtout des penseurs dont les anticipations furent assez substantielles pour marquer de leur empreinte les théories et mises en oeuvre ultérieures. L'apport de Saint-Simon est, à cet égard, particulièrement prémonitoire. Ajoutons que la fraternité, loin de relever seulement des idées contestataires ou des dénégations péremptoires, s'est enrichie, grâce aux gens de métier, de pratiques qui, en dépit de contradictions, comportent des innovations dont la portée n'est pas négligeable.