Le châtiment des déserteurs dans l'armée romaine.

Titre

Auteur

COSME, Pierre

Résumé

On peut s'interroger sur les sanctions infligées aux déserteurs de l'armée romaine dans la mesure où l'on constate tantôt l'application de peines très lourdes, tantôt le recours à des accomodements qui peuvent paraître même parfois étonnament laxistes. Cete réflexion peut d'ailleurs s'enrichir d'un détour par l'examen des pratiques en vigueur dans d'autres armées, notamment celles qui étaient employées en Europe sous l'Ancien Régime. Plus que le caractère du commandant en chef ou la période de l'histoire du monde romain concernée par l'événement, ce sont les circonstances de la désertion qui peuvent offrir un premier élément d'explication. En effet, le soldat pouvait être plus particulièrement incité à déserter à deux moments de sa carrière. Il s'agissait tout d'abord des jours ou des semaines qui suivaient son enrôlement. Il existait d'autres soldats qui représentaient autant de déserteurs potentiels, ainsi qu'une menace plus dangereuse pour la société et le pouvoir. Certains soldats expérimentés, sur le point d'être libérés, pouvaient juger préférable la désertion au statut de vétéran. On est d'ailleurs frappé par le nombre de textes de la fin du IIe et du début du IIIe siècle qui établissement un lien plus ou moins étroit entre désertion et brigandage. Cependant, réprimer trop sévèrement les déserteurs risquait soit de tarir définitivement les sources d'un recrutement souvent difficile, soit d'éliminer des soldats expérimentés dont la formation avait représenté un investissement coûteux, depuis l'instauration d'une armée permanente et professionnelle par Auguste. C'est la raison pour laquelle apparaît le concept de retardataire dans les rôles de l'armée romaine impériale, comme plus tard dans ceux des armées européennes de l'époque moderne. Ces distinctions ont obligé l'administration militaire à préciser le statut des soldats en permission afin d'éviter toute confusion avec des déserteurs ou des retardataires.