Antiromanisme doctrinal, pouvoir pastoral et raison du prince : le prisme français (1606-1611). [Thèse].
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Titre
Antiromanisme doctrinal, pouvoir pastoral et raison du prince : le prisme français (1606-1611). [Thèse].
[Thèse de l'École des chartes, 1999].
Introduction de la thèse :
Les travaux de Michel Foucault ont déterminé une évolution des théories du pouvoir les plus communes formulées par la pensée politique occidentale. Souvent conçu comme répressif, le pouvoir est désormais envisagé également comme la matrice qui produit certaines formes de savoirs. Michel Foucault, toutefois, a négligé la production, par ce pouvoir très particulier qu’est l’autorité ecclésiastique, de ce savoir tout aussi particulier qu’est la théologie. Or, au XVIe siècle, la Réforme et le mouvement humaniste ont entraîné de sévères modifications dans le champ de production de ce savoir, par la remise en cause de tout monopole d’affirmation de l’orthodoxie, signant par là l’acte de naissance d’un « complexe antiromain » naguère analysé par Hans Urs von Balthasar.
La théologie politique connaît alors un essor sans précédent, dû essentiellement au renouvellement profond de l’ecclésiologie. La distinction théorique entre théologie politique et ecclésiologie n’est pas toujours claire, et reste peu efficiente en pratique : l’ecclésiologie constitue le discours que porte l’Église sur elle-même, alors que la théologie politique est un type de discours qui n’est pas l’apanage des théologiens et qui porte sur le politique à partir de fondements théologiques. Il reste que la théologie politique ne peut éviter le plus souvent un discours de type ecclésiologique, et que l’ecclésiologie, dans la mesure où elle revendique presque toujours, à l’époque de la Contre-Réforme, un pouvoir d’ordre temporel pour l’autorité ecclésiastique, produit un discours qui prend place au sein de la théologie politique.
Dans le processus qui conduit la théologie politique à devenir une véritable philosophie politique, n’assumant plus le statut de discours théologique, les penseurs qui jalonnent les deux premières décennies du XVIIe siècle ont joué un rôle capital. Si le mouvement lancé par la Réforme a remis en cause la romanité du christianisme, le début du XVIIe siècle marque une sorte de « dérapage » de l’orthodoxie romaine, provoqué par les excès de certaines communautés intellectuelles catholiques, mais antiromaines. Parce qu’elle récupère les acquis du XVIe siècle, cette époque voit se produire un échange entre les attributions de l’autorité civile et les privilèges de la puissance spirituelle. Le débat entre théocrates et antithéocrates révèle les enjeux d’une « politique baroque », quand le gouvernement absolutiste reprend à son compte le magistère pastoral, traditionnellement dévolu à l’autorité spirituelle. Or cette extension ne peut se faire qu’une fois mise hors jeu toute prétention pontificale à l’exercice d’une quelconque autorité en matière temporelle. L’État produit à son tour un discours de type théologique, et garantit la validité de l’expression de sa propre orthodoxie touchant ses juridictions religieuses et politiques. De cette évolution témoignent, tout particulièrement en France, les épisodes polémiques en matière théologico-politique du début du XVIIe siècle.
[Thèse de l'École des chartes, 1999].
Introduction de la thèse :
Les travaux de Michel Foucault ont déterminé une évolution des théories du pouvoir les plus communes formulées par la pensée politique occidentale. Souvent conçu comme répressif, le pouvoir est désormais envisagé également comme la matrice qui produit certaines formes de savoirs. Michel Foucault, toutefois, a négligé la production, par ce pouvoir très particulier qu’est l’autorité ecclésiastique, de ce savoir tout aussi particulier qu’est la théologie. Or, au XVIe siècle, la Réforme et le mouvement humaniste ont entraîné de sévères modifications dans le champ de production de ce savoir, par la remise en cause de tout monopole d’affirmation de l’orthodoxie, signant par là l’acte de naissance d’un « complexe antiromain » naguère analysé par Hans Urs von Balthasar.
La théologie politique connaît alors un essor sans précédent, dû essentiellement au renouvellement profond de l’ecclésiologie. La distinction théorique entre théologie politique et ecclésiologie n’est pas toujours claire, et reste peu efficiente en pratique : l’ecclésiologie constitue le discours que porte l’Église sur elle-même, alors que la théologie politique est un type de discours qui n’est pas l’apanage des théologiens et qui porte sur le politique à partir de fondements théologiques. Il reste que la théologie politique ne peut éviter le plus souvent un discours de type ecclésiologique, et que l’ecclésiologie, dans la mesure où elle revendique presque toujours, à l’époque de la Contre-Réforme, un pouvoir d’ordre temporel pour l’autorité ecclésiastique, produit un discours qui prend place au sein de la théologie politique.
Dans le processus qui conduit la théologie politique à devenir une véritable philosophie politique, n’assumant plus le statut de discours théologique, les penseurs qui jalonnent les deux premières décennies du XVIIe siècle ont joué un rôle capital. Si le mouvement lancé par la Réforme a remis en cause la romanité du christianisme, le début du XVIIe siècle marque une sorte de « dérapage » de l’orthodoxie romaine, provoqué par les excès de certaines communautés intellectuelles catholiques, mais antiromaines. Parce qu’elle récupère les acquis du XVIe siècle, cette époque voit se produire un échange entre les attributions de l’autorité civile et les privilèges de la puissance spirituelle. Le débat entre théocrates et antithéocrates révèle les enjeux d’une « politique baroque », quand le gouvernement absolutiste reprend à son compte le magistère pastoral, traditionnellement dévolu à l’autorité spirituelle. Or cette extension ne peut se faire qu’une fois mise hors jeu toute prétention pontificale à l’exercice d’une quelconque autorité en matière temporelle. L’État produit à son tour un discours de type théologique, et garantit la validité de l’expression de sa propre orthodoxie touchant ses juridictions religieuses et politiques. De cette évolution témoignent, tout particulièrement en France, les épisodes polémiques en matière théologico-politique du début du XVIIe siècle.
Auteur
FRANCESCHI, Sylvio-Hermann de
Année
1999
Type
Thèse
Mot-clé
Histoire de la pensée politique
Concept de pouvoir
Théologie politique
Histoire des idées politiques
Ecclésiologie
Absolutisme
Raison d'État
XVIe, XVIIe
Concept de pouvoir
Théologie politique
Histoire des idées politiques
Ecclésiologie
Absolutisme
Raison d'État
XVIe, XVIIe