La connaissance des choses divines et des choses humaines dans la "<i>iuris prudentia</i>". [Thèse].
Item
Titre
La connaissance des choses divines et des choses humaines dans la "<i>iuris prudentia</i>". [Thèse].
[Thèse de doctorat, Histoire du droit, Lyon III, 2014].
Résumé de la thèse :
La <i>iuris prudentia</i> ou « prudence du droit » désignait le savoir des jurisconsultes romains. Bien que son importance soit capitale pour l’histoire de notre droit, nous n’en connaissons qu’une seule et unique définition inscrite aux Institutes et au Digeste de l’empereur Justinien. L’auteur originaire en serait Ulpien qui définit cette « jurisprudence » comme « la connaissance des choses divines et humaines, la science du juste et de l’injuste » (<i>iuris prudentia est diuinarum atque humanarum rerum notitia, iusti atque iniusti scientia</i>). Face à cette définition, les commentateurs ont souvent considéré que seul le second élément (« la science du juste et de l’injuste ») formait le véritable critère épistémologique de la science juridique en cause, diminuant ainsi la fonction de la connaissance des choses divines et humaines (<i>diuinarum atque humanarum notitia</i>). Or, nous pensons qu’au contraire cette <i>rerum notitia</i> n’est pas un simple accessoire rhétorique mais qu’elle réfère à une forme éminente du savoir antique : la sagesse. Forme suprême de l’intelligence et du vécu antique, elle n’est pas le fruit particulier d’une école philosophique ou d’une pensée religieuse. Relative à un savoir générique, la référence à la « sagesse » dans la définition de la <i>iuris prudentia</i< désigne la pensée même du jurisconsulte. Car comment abstraire les règles (<i>regulae</i>) depuis les cas (<i>res</i>) sans une médiation intellective entre les choses et le droit ? Comment opérer le choix entre le juste et l’injuste sans une forme de savoir conceptuel ? Toute science a besoin d’une théorie de la connaissance pour fonder sa méthode. Toutefois, la <i>iuris prudentia</i> dont l’objet était le droit d’une cité devenu empire, ne pouvait faire reposer sa pensée sur une doctrine philosophique déterminée. De même, léguée par les jurisconsultes païens aux princes législateurs chrétiens, elle ne pouvait se définir à travers le prisme d’une religion particulière. Or, la référence à la sagesse, but suprême de la connaissance, permet de neutraliser les différences dogmatiques pour faire ainsi de la « prudence du droit » la seule connaissance antique véritablement universelle. Ce qui explique selon nous que cette fameuse <i>iuris prudentia</i> connaîtra une longue postérité qui fera la fortune historique de la sagesse du droit d’origine romaine dont nous ressentons encore aujourd’hui les échos dans notre propre système juridique.
[Thèse de doctorat, Histoire du droit, Lyon III, 2014].
Résumé de la thèse :
La <i>iuris prudentia</i> ou « prudence du droit » désignait le savoir des jurisconsultes romains. Bien que son importance soit capitale pour l’histoire de notre droit, nous n’en connaissons qu’une seule et unique définition inscrite aux Institutes et au Digeste de l’empereur Justinien. L’auteur originaire en serait Ulpien qui définit cette « jurisprudence » comme « la connaissance des choses divines et humaines, la science du juste et de l’injuste » (<i>iuris prudentia est diuinarum atque humanarum rerum notitia, iusti atque iniusti scientia</i>). Face à cette définition, les commentateurs ont souvent considéré que seul le second élément (« la science du juste et de l’injuste ») formait le véritable critère épistémologique de la science juridique en cause, diminuant ainsi la fonction de la connaissance des choses divines et humaines (<i>diuinarum atque humanarum notitia</i>). Or, nous pensons qu’au contraire cette <i>rerum notitia</i> n’est pas un simple accessoire rhétorique mais qu’elle réfère à une forme éminente du savoir antique : la sagesse. Forme suprême de l’intelligence et du vécu antique, elle n’est pas le fruit particulier d’une école philosophique ou d’une pensée religieuse. Relative à un savoir générique, la référence à la « sagesse » dans la définition de la <i>iuris prudentia</i< désigne la pensée même du jurisconsulte. Car comment abstraire les règles (<i>regulae</i>) depuis les cas (<i>res</i>) sans une médiation intellective entre les choses et le droit ? Comment opérer le choix entre le juste et l’injuste sans une forme de savoir conceptuel ? Toute science a besoin d’une théorie de la connaissance pour fonder sa méthode. Toutefois, la <i>iuris prudentia</i> dont l’objet était le droit d’une cité devenu empire, ne pouvait faire reposer sa pensée sur une doctrine philosophique déterminée. De même, léguée par les jurisconsultes païens aux princes législateurs chrétiens, elle ne pouvait se définir à travers le prisme d’une religion particulière. Or, la référence à la sagesse, but suprême de la connaissance, permet de neutraliser les différences dogmatiques pour faire ainsi de la « prudence du droit » la seule connaissance antique véritablement universelle. Ce qui explique selon nous que cette fameuse <i>iuris prudentia</i> connaîtra une longue postérité qui fera la fortune historique de la sagesse du droit d’origine romaine dont nous ressentons encore aujourd’hui les échos dans notre propre système juridique.
Auteur
LAZAYRAT, Emmanuel
Année
2014
Type
Thèse
Mot-clé
Droit romain
Jurisprudence
Philosophie du droit
Jurisconsultes
Ulpien
Justinien
Digeste
Institutes
Doctrine juridique
iuris prudentia
Sagesse du droit
Jurisprudence
Philosophie du droit
Jurisconsultes
Ulpien
Justinien
Digeste
Institutes
Doctrine juridique
iuris prudentia
Sagesse du droit