La Révolution française et l'enseignement primaire. Leçon d'ouverture.
Contenu
Titre
La Révolution française et l'enseignement primaire. Leçon d'ouverture.
Auteur
SICARD, Germain
Résumé
Les « grands ancêtres » de la Révolution ont considéré que l’éducation des jeunes constituait un enjeu essentiel pour la consolidation de la République. Ils constatent sans regret que les institutions d’Ancien Régime dépérissent et ils entendent leur substituer un système nouveau, assurant la formation de « bons citoyens », grâce à des instituteurs et professeurs « bons patriotes » et à des manuels conformes aux objectifs du régime. Les plans d’éducation nationale se succèdent, comme les majorités politiques. Celui de Talleyrand n’est pas discuté (1791). Celui de Condorcet (1792) non plus, mais il inspirera l’œuvre scolaire de la IIIe République. Le plan Lepelletier, le plus radical (1793), prévoyait d’enlever les enfants à leur famille, pour en faire de bons républicains par la vie et le travail en commun, de 5 à 12 ans. Le plan Bourquier correspond à la période de dictature jacobine ; le plan Lakanal, à la période thermidorienne. Il souhaite améliorer la qualité de l’enseignement par un recrutement sérieux des instituteurs (17 novembre 1794). Avec la loi Daunou, votée par la Convention à la veille de se séparer (25 octobre 1795) et qui régira le système jusqu’au Consulat, on revient à la solution d’Ancien Régime : les maîtres seront rétribués par les familles, outre un minimum versé par la commune. La succession des projets ne modifie pas la permanence des objectifs : mettre à la disposition de tous les enfants une formation de bon niveau, leur permettant d’assurer leur fonction d’homme et de citoyen. En fait, la vie des écoles se heurte à de multiples difficultés : manque de locaux, de moyens matériels, de personnel qualifié. En outre, beaucoup de parents ne font pas confiance à l’école « sans Dieu » de la République et préfèrent recourir aux maîtres et maîtresses qui pratiquent l’éducation traditionnelle (et religieuse), dès que le retour à la liberté de l’enseignement (1795) permettra leur existence. En beaucoup de lieux, écoles « tricolores » et écoles « crypto catholique » coexistent, non sans rivalités. La géographie de la réussite ou de l’échec de l’école républicaine correspond à celle de l’enracinement, ou non, des valeurs révolutionnaires. Réussi dans le Nord, l’Est, la Charente ; médiocre dans l’Ouest, le Centre, le Midi. Les révolutionnaires ont maintenu le cap de l’objectif politico-culturel : faire de l’école populaire le lieu de démocratisation des connaissances et de formation idéologique des futurs citoyens. Cette ambition, et les instituteurs « patriotiques », inaugurent la politique enracinant à gauche la tradition scolaire française.
Année
2000
Type
Article
Titre du périodique
Titre court
M.S.H.D.B.
Numéro
2000, tome 57, n° spécial "Histoire de l'enseignement", p. 11-19.
Mot-clé
Loi Daunou
Joseph Lakanal
Bourquier
Louis-Michel Lepelletier de Saint-Fargeau
Nicolas de Condorcet
Instituteurs
Révolution française
Enseignement primaire
Joseph Lakanal
Bourquier
Louis-Michel Lepelletier de Saint-Fargeau
Nicolas de Condorcet
Instituteurs
Révolution française
Enseignement primaire