L’anticléricalisme des hérétiques d’après les textes polémiques.

Titre

L’anticléricalisme des hérétiques d’après les textes polémiques.
Résumé de l'article :
À en juger par les traités composés contre la dissidence religieuse du Languedoc, cette dernière, issue d’abord du milieu des clercs eux-mêmes, se borne jusque vers 1165 à rejeter l’institution ecclésiastique dans son ensemble. Cet anticléricalisme radical s’appuie sur un libéralisme évangélique. Dans la période suivante il donne naissance à deux courants hérétiques. Celui des vaudois s’inscrit dans la continuité de l’époque antérieure. Le second évolue vers le dualisme, si l’on en juge d’après la littérature polémique, laquelle insiste alors sur la doctrine de ce dernier, afin de le disqualifier. Au cours du XIIIe siècle, les Sommes à l’usage des prédicateurs et les Manuels destinés aux inquisiteurs insistent à nouveau sur l’antisacerdotalisme et l’antisacramentalisme des hérétiques. Il ressort de tout cela que l’hérésie est la conséquence et non la cause de l’anticléricalisme et que le danger fondamental pour l’Église réside moins dans le dualisme que dans la mise en cause de ses sacrements et de ses ministres. L’anticléricalisme du XIIe siècle, au-delà de ses origines cléricales, paraît prendre sa source dans les décalages survenus entre l’institution ecclésiastique et l’évolution spirituelle, culturelle et sociale. Une part de l’aristocratie et des élites nouvelles des villes s’appuie sur l’évangélisme développé par le mouvement grégorien pour attaquer l’Église grégorienne elle-même. Le hiatus entre Église et société est finalement rattrapé par les ordres mendiants, qui réduisent les fractures spirituelles et sociales ayant généré l’anticléricalisme.