Le roi et la sorcière. L'Europe des bûchers (XVe-XVIIIe siècle).
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Titre
Le roi et la sorcière. L'Europe des bûchers (XVe-XVIIIe siècle).
Présentation de l'ouvrage (Institut européen en sciences des religions) :
L’auteur démontre dans cet ouvrage les liens existant entre la sorcellerie et la construction d’un nouveau système politique. Comme il l’explique, la chasse aux sorcières « permet le passage d’un univers gouverné de manière prédominante par le religieux au monde contrôlé essentiellement par le souverain, même si celui-ci fait une part très importante à la religion » (p. 9). Dans ce processus, « le mythe de la sorcière fut l’exacte image inversée du roi des Temps modernes dans une conception dualiste des choses tout autant politique que religieuse » (p. 10). Après avoir présenté une synthèse sur l’historiographie de la chasse aux sorcières depuis le XVIIIe siècle, l’auteur rappelle que ce n’est que lorsque les juges laïcs acceptèrent de se charger de la répression de la sorcellerie, à partir des années 1580, que les bûchers connurent un réel succès. Le pouvoir civil a donc décidé d’assumer un discours aux origines religieuses afin d’asseoir le processus de construction de l’État moderne : la sorcière devint ainsi l’archétype du mauvais sujet, coupable du crime de lèse-majesté divine dont la progressive définition juridique est retracée dans le chapitre 3. Ce crime est le pire de tous ceux qui peuvent être commis : la sorcellerie cherchant à singer Dieu, elle est avant tout une négation de sa souveraineté. Dans le cadre d’une culture judiciaire considérant que les crimes religieux sont une atteinte à l’ordre politique et social, il est logique que les magistrats se soient occupés de cette répression.
Le modèle explicatif centré sur les faiblesses du corps politique (entendu dans sa dimension la plus large, puisque le rôle des différents magistrats y est mis en valeur) ne peut suffire à expliquer l’ampleur de la chasse aux sorcières. L’auteur montre ensuite à quel point cette politique a pu rencontrer le consentement des populations, ce qui est alors mis en liens avec les processus de modernisation. Ceci explique le nombre de dénonciations venant d’enfants et visant leur propre famille : « les mutations culturelles et religieuses subies par les noyaux familiaux de base » sont mis en avant comme facteur explicatif et la persécution des sorcières devient « une rupture culturelle avec le passé sous l’impact d’une éducation nouvelle des enfants » (p. 163). Ainsi s’explique également le nombre important de vieilles femmes parmi les victimes : ce sont elles qui assuraient une grande part de la transmission dans une civilisation massivement orale et étaient à ce titre des « concurrentes des nouveaux systèmes de savoir et de pouvoir en voie d’installation » (p. 164). Le consentement des populations à ce système de persécution et la part active qu’elles y ont prise est ainsi analysé « comme un révélateur symbolique de profondes mutations internes » (p. 229). À l’inverse, « la fin des procès de sorcellerie indique qu’un équilibre moins conflictuel a fini par s’instaurer entre les traditions et les nouveautés » (p. 235). C’est donc par une grille de lecture qui laisse toute sa place aux dimensions politiques et religieuses de la confessionnalisation que l’auteur analyse la chasse aux sorcières.
Présentation de l'ouvrage (Institut européen en sciences des religions) :
L’auteur démontre dans cet ouvrage les liens existant entre la sorcellerie et la construction d’un nouveau système politique. Comme il l’explique, la chasse aux sorcières « permet le passage d’un univers gouverné de manière prédominante par le religieux au monde contrôlé essentiellement par le souverain, même si celui-ci fait une part très importante à la religion » (p. 9). Dans ce processus, « le mythe de la sorcière fut l’exacte image inversée du roi des Temps modernes dans une conception dualiste des choses tout autant politique que religieuse » (p. 10). Après avoir présenté une synthèse sur l’historiographie de la chasse aux sorcières depuis le XVIIIe siècle, l’auteur rappelle que ce n’est que lorsque les juges laïcs acceptèrent de se charger de la répression de la sorcellerie, à partir des années 1580, que les bûchers connurent un réel succès. Le pouvoir civil a donc décidé d’assumer un discours aux origines religieuses afin d’asseoir le processus de construction de l’État moderne : la sorcière devint ainsi l’archétype du mauvais sujet, coupable du crime de lèse-majesté divine dont la progressive définition juridique est retracée dans le chapitre 3. Ce crime est le pire de tous ceux qui peuvent être commis : la sorcellerie cherchant à singer Dieu, elle est avant tout une négation de sa souveraineté. Dans le cadre d’une culture judiciaire considérant que les crimes religieux sont une atteinte à l’ordre politique et social, il est logique que les magistrats se soient occupés de cette répression.
Le modèle explicatif centré sur les faiblesses du corps politique (entendu dans sa dimension la plus large, puisque le rôle des différents magistrats y est mis en valeur) ne peut suffire à expliquer l’ampleur de la chasse aux sorcières. L’auteur montre ensuite à quel point cette politique a pu rencontrer le consentement des populations, ce qui est alors mis en liens avec les processus de modernisation. Ceci explique le nombre de dénonciations venant d’enfants et visant leur propre famille : « les mutations culturelles et religieuses subies par les noyaux familiaux de base » sont mis en avant comme facteur explicatif et la persécution des sorcières devient « une rupture culturelle avec le passé sous l’impact d’une éducation nouvelle des enfants » (p. 163). Ainsi s’explique également le nombre important de vieilles femmes parmi les victimes : ce sont elles qui assuraient une grande part de la transmission dans une civilisation massivement orale et étaient à ce titre des « concurrentes des nouveaux systèmes de savoir et de pouvoir en voie d’installation » (p. 164). Le consentement des populations à ce système de persécution et la part active qu’elles y ont prise est ainsi analysé « comme un révélateur symbolique de profondes mutations internes » (p. 229). À l’inverse, « la fin des procès de sorcellerie indique qu’un équilibre moins conflictuel a fini par s’instaurer entre les traditions et les nouveautés » (p. 235). C’est donc par une grille de lecture qui laisse toute sa place aux dimensions politiques et religieuses de la confessionnalisation que l’auteur analyse la chasse aux sorcières.
Auteur
MUCHEMBLED, Robert
Editeur
Paris, Desclée (Collection <i>Mémoire chrétienne</i>)
Année
1993
Type
Monographie
Pages
264 p.
ISBN
978-2718906157
Mot-clé
Sorciers - Sorcières - Sorcellerie
Pouvoir royal
Répression pénale
Peine de bûcher
XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe
Pouvoir royal
Répression pénale
Peine de bûcher
XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe