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Un ouvrage monarchomaque peu connu : le traité de « Pierre Favre », alias Lambert Daneau, sur le droit de prendre les armes (1575).

Item

Titre

Un ouvrage monarchomaque peu connu : le traité de « Pierre Favre », alias Lambert Daneau, sur le droit de prendre les armes (1575).

Edition

[Lambert Daneau (v. 1535-v. 1590), juriste et théologien calviniste].

Auteur

TAPPY, Denis

Résumé

Résumé :
Le corpus d'écrits exprimant, dans la seconde moitié du XVIe siècle, les conceptions du droit de résistance des monarchomaques réformés de langue française ne se limite pas aux trois grands traités que sont la <i>Francogallia</i> de François Hotman, le <i>Droit des magistrats</i> de Théodore de Bèze et les <i>Vindictæ contra tyrannos</i>, rédigés probablement par Philippe Duplessis-Mornay. Parmi les autres ouvrages de même tendance figure notamment une réponse à un écrit du juriste Pierre Charpentier qui condamnait la prise d'armes des Huguenots alliés aux Malcontents lors de la cinquième guerre de religion (1574-1576). Publiée en latin et en français en 1575 et 1576, sous le pseudonyme de Pierre Favre, cette réponse, qui émane en réalité du professeur de théologie Lambert Daneau, alors enseignant à l'Académie de Genève, fait l'objet ici d'une étude détaillée. Ce texte injustement oublié justifie la prise d'armes en question en recourant à des critères classiques des auteurs monarchomaques (limites au pouvoir royal résultant d'un pacte initial entre le roi et les sujets conditionnant l'obéissance due par ceux-ci, existence de lois obligeant même le souverain sous peine de se transformer en tyran, rôle de garant de ces lois dévolu aux États généraux, dont même une simple partie, « la plus saine », peut si nécessaire appeler à la résistance). Sans avoir à jouer un rôle très important dans l'évolution de la pensée politique de l'époque, il a notamment l'intérêt d'opérer une déconfessionnalisation complète de la question du droit de résistance : pour Daneau, comme personne privée, le croyant ne peut résister activement même à des ordres contraires aux commandements divins émanant du magistrat légitime, mais il doit alors seulement refuser d'obéir en acceptant le martyr ou en prenant le chemin de l'exil. Comme citoyen en revanche, il peut et doit défendre au besoin par les armes, à l'appel des États généraux ou de leur meilleure part, sa patrie et les « lois premières » de celle-ci. Il s'agit alors d'un devoir qui s'impose à tous les patriotes, mêmes chrétiens, et dans le cadre duquel rien n'empêche les Protestants de s'allier à l'intérieur avec des Catholiques partageant leur souci du bien public et à l'extérieur avec des princes amis de la France et disposés à l'aider à vaincre la tyrannie.

Année

2012

Type

Article

Numéro

2012 [2013], t. 69, <i>Résistances au droit et droit de résistance</i>, p. 69-103

Mot-clé

Droit de résistance
Pierre Favre
Lambert Daneau
Monarchomaques
Histoire des idées politiques
Guerres de religion
Tyrannie
Sanior pars
États généraux
Pierre Charpentier

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