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La fratrie, un ménage de remplacement ? Les solidarités familiales privées chez les Enfants de Navarre dans la France du XIVe siècle.

SURGET, Marie-Laure

Au Moyen Âge, les relations entre frères et soeurs étaient généralement intenses, à cause de la disparition précoce des générations antérieures à ceux-ci, en particulier de leur père et mère et de leurs grands-parents. Les huit enfants de Philippe et Jeanne, comte et comtesse d'Evreux et souverains de Navarre offrent un exemple bien documenté sur ce sujet. Certains chroniqueurs français de la fin du Moyen Âge les appelèrent "Enfants de Navarre", pour insister sur le soutien presque sans faille qu'ils apportèrent à l'aîné d'entre eux, Charles de Navarre, tout au long de sa révolte contre le roi Jean II et son fils Charles V. Or, en parallèle à cette solidarité d'ordre diplomatique, politique et militaire, bien réelle, mais mise en avant et exagérée par ces chroniqueurs à des fins de propagande pro-royale, en même temps qu'ils construisaient la légende noire de Charles de Navarre (après coup surnommé "Le Mauvais"), une autre forme de solidarité, toute aussi réelle mais passée sous silence par les chroniqueurs, battait son plein, solidarité d'ordre intime, familial, revêtant souvent une dimension domestique et résidentielle. A partir de quelques exemples, et sans prétendre à l'exhaustivité, nous nous proposons d'explorer, surtout par les sources non narratives, cet autre versant des relations adelphiques et conjugales, et en particulier si le "mesnage" issu du mariage pouvait être concurrencé et mis en péril par d'autres "mesnages", issus, eux, de la fratrie.

2010

Article

Revue historique de Droit français et étranger

R.H.D.

2010, n° 4, p. 499-522

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