Les quatre vieilles colonies : la dialectique de l'assimilation et du principe de la départementalisation chez Victor Schoelcher.
Item
Titre
Les quatre vieilles colonies : la dialectique de l'assimilation et du principe de la départementalisation chez Victor Schoelcher.
Edition
In : Marcel DORIGNY (sous la dir. de), <i>Esclavage, résistances et abolitions</i>, Actes du 123e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques (Fort-de-France-Schoelcher, 6-10 aveil 1998).
Auteur
GIROLLET, Anne
Résumé
Victor Schoelcher est surtout connu en tant qu’abolitionniste de l’esclavage et malheureusement moins pour ses autres combats. Il désirait participer à la fondation d’une République, démocratique, vertueuse et philanthrope, en métropole comme aux colonies. En effet, il considérait les vieilles colonies comme de véritables départements français. Aussi demanda-t-il en vain l’application de plein droit de la Constitution de 1848 en dénonçant tout régime d’exception. De façon générale, il demanda quasiment à chaque vote de loi, l’application de celle-ci aux colonies, tout au moins aux « quatre vieilles ». Ainsi, sans jamais faire référence à la Constitution de 1795, Schoelcher était un fervent défenseur du principe de la départementalisation, dans le sens où il tirait toutes les conséquences logiques de ce principe en réfutant celui de la spécialité législative, que ce soit au niveau des institutions ou du citoyen. Il refusait toute notion de citoyenneté coloniale ou locale : chaque Français habitant aux colonies devait avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs que les métropolitains. La nationalité et la citoyenneté étaient donc intimement liées.Or, alors que la colonisation (IIIe République) avait repris son essor aux Indes, Schoelcher se montra plus réticent envers les nouvelles colonies. Il estimait que ces populations étaient trop différentes et qu’il fallait donc garantir aux colons français davantage de pouvoirs que ceux accordés à la population locale. Il exigea par exemple la distinction des collèges électoraux entre les « Indigènes », les « Renonçants » et les « Français ». Schoelcher était colonialiste sans être impérialiste. Il était assimilationniste sans être universaliste. Selon Schoelcher, la France avait une mission civilisatrice. C’était une vision somme toute banale pour l’époque, mais relativement choquante par rapport à ses positions antérieures : il avait une vision occidentale et morale de la colonisation. En luttant pour l’application du droit commun aux colonies, Schoelcher voulait-il mettre en place un système imposant la conception française de la société pour éviter toute revendication d’indépendance des colonies, ou était-ce uniquement au nom de la liberté et de l’égalité ? Il résulte de la comparaison des débats relatifs à la Constitution de 1795 à ceux 1848, que la lutte de Schoelcher s’inscrivait dans la défense des principes républicains – Liberté, Égalité, Fraternité – et non dans celle des intérêts lucratifs que représentaient les colonies. Quelles que soient les polémiques ou les incertitudes, Victor Schoelcher se dressa contre toutes les formes de servitude et fit progresser le Droit vers plus d’humanité. Évidemment, il n’était pas le seul à revendiquer plus d’humanité, mais il fut l’un des plus tenaces et des plus efficaces. Il y consacra plus de 70 ans de sa vie.
Editeur
Paris, Éditions du CTHS
Année
1999
Type
Article
Pages
P. 331-345
Mot-clé
Victor Schoelcher
Abolition de l'esclavage
Démocratie
Seconde République
Troisième République
Colonies - Colonisation
Quatre vieilles colonies
Départements
Départementalisation
Assimination
Citoyenneté
Indigènes
Renonçants
Spécialité législative
Représentation
Martinique
Guyane
Guadeloupe
La Réunion (île de)
Abolition de l'esclavage
Démocratie
Seconde République
Troisième République
Colonies - Colonisation
Quatre vieilles colonies
Départements
Départementalisation
Assimination
Citoyenneté
Indigènes
Renonçants
Spécialité législative
Représentation
Martinique
Guyane
Guadeloupe
La Réunion (île de)