Bannissement et rite de la langue tirée au Moyen Âge. Du bien des lois et de sa rupture.
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Titre
Bannissement et rite de la langue tirée au Moyen Âge. Du bien des lois et de sa rupture.
Résumé de l'article :
Diverses sources allemandes des XIIIe et XIVe siècles font allusion à des bannissements effectués « par les doigts et la langue », formule qui a longtemps été comprise comme un équivalent de « par le geste et la parole », et qui n'aurait donc renvoyé qu'à un formalisme indéfini. Cette étude entreprend de montrer, au contraire, qu'elle fait référence à un rituel précis d'extension des doigts et de langue tirée en direction du banni. Les mêmes gestes se sont transposés, par analogie ou antinomie, aux formes d'autres actes juridiques, comme le rappel de ban ou la garantie donnée contre l'exclusion. On les retrouve aussi dans l'iconographie médiévale, en particulier dans des images qui figurent la rupture d'obédience. Ces données conduisent à proposer une nouvelle interprétation du geste de tirer la langue, qui n'est pas seulement marque d'outrage ou de blasphème, mais aussi signe de l'interruption de la communication normative par la parole. Par-delà ces premières conclusions, elles invitent à repenser les représentations médiévales du droit, ici perçu comme un ordre produit par la parole normative, sa réception et ses échanges, tandis qu'inversement, l'anormalité et le « non-droit » se comprennent d'abord dans les termes d'une rupture symbolique de la communication verbale.
Résumé de l'article :
Diverses sources allemandes des XIIIe et XIVe siècles font allusion à des bannissements effectués « par les doigts et la langue », formule qui a longtemps été comprise comme un équivalent de « par le geste et la parole », et qui n'aurait donc renvoyé qu'à un formalisme indéfini. Cette étude entreprend de montrer, au contraire, qu'elle fait référence à un rituel précis d'extension des doigts et de langue tirée en direction du banni. Les mêmes gestes se sont transposés, par analogie ou antinomie, aux formes d'autres actes juridiques, comme le rappel de ban ou la garantie donnée contre l'exclusion. On les retrouve aussi dans l'iconographie médiévale, en particulier dans des images qui figurent la rupture d'obédience. Ces données conduisent à proposer une nouvelle interprétation du geste de tirer la langue, qui n'est pas seulement marque d'outrage ou de blasphème, mais aussi signe de l'interruption de la communication normative par la parole. Par-delà ces premières conclusions, elles invitent à repenser les représentations médiévales du droit, ici perçu comme un ordre produit par la parole normative, sa réception et ses échanges, tandis qu'inversement, l'anormalité et le « non-droit » se comprennent d'abord dans les termes d'une rupture symbolique de la communication verbale.
Auteur
JACOB, Robert
Année
2000
Type
Article
Titre du périodique
Numéro
2000 (septembre-octobre), tome 55/5, p. 1039-1079
Mot-clé
Moyen Âge
Bannissement
Crimes et délits
Rite de la langue tirée
Rites - Rituels
Bannissement
Crimes et délits
Rite de la langue tirée
Rites - Rituels
URL
www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_2000_num_55_5_279900