La mise en archives du trésor des chartes (XIIIe-XIXe siècle). [Thèse].
Item
Titre
La mise en archives du trésor des chartes (XIIIe-XIXe siècle). [Thèse].
[Thèse de l'École des chartes, 2007].
Introduction de la thèse :
Le Trésor des chartes est considéré depuis deux siècles comme le noyau des Archives nationales et l’ancêtre des archives publiques en France. En conséquence, toute recherche sur la formation et les usages politiques médiévaux du dépôt repose au préalable sur une analyse de sa transmission archivistique au cours des temps modernes, mais aussi sur ses fonctions historiographiques à l’époque contemporaine. Modèle des archives historiques après 1789, le Trésor des chartes n’est pas pour autant un archétype archivistique, dans la mesure où il ne fut jamais organiquement lié à l’activité d’une institution monarchique donnée. En ce sens, le Trésor des chartes n’est pas un fonds d’archives, mais bien plutôt une collection de titres, isolés de leur contexte de production. L’accumulation dont le Trésor est le produit a pu suivre des logiques contradictoires, gouvernées notamment par la rétroactivité de dépôts dont la nature est, par ailleurs, principalement domaniale. L’abondance et l’ancienneté des instruments de recherche élaborés par les gardes successifs depuis la fin du XIIIe siècle ne permettent de dépasser qu’imparfaitement ce qui est un biais chronologique majeur : la présence actuelle d’une pièce au sein du fonds ne dit rien de sa date de dépôt. Les « inventaires » du Trésor, y compris celui de Pierre Dupuy et Théodore Godefroy au début du XVIIe siècle, d’autant plus célèbre qu’il commande toujours l’organisation actuelle du dépôt, n’ont jamais eu pour objectif de saisir le contenu exhaustif du fonds mais ont tenté bien au contraire de bâtir sa valeur juridique et politique, par une sélection, de moins en moins stricte sans doute, des titres « utiles » au gouvernement ou à la défense des « droits du roy ». La longévité et la persévérance du fonds au sein de la Sainte-Chapelle avant 1783, comme le court mais intense moment de mobilité jusqu’en 1809, ont par ailleurs favorisé, mais selon des logiques différentes, l’insertion de documents médiévaux, ou, à l’inverse, la distraction de documents plus récents. En d’autres termes, au cours d’une très longue existence, le Trésor des chartes n’a cessé de se « médiévaliser », et la thésaurisation des chartes s’est prolongée jusqu’au XIXe siècle. Après avoir renoncé à suivre ce double processus solidaire de constitution et de transmission à rebours de la chronologie, pour mieux le faire apparaître, une solution hybride, mais plus réaliste, a été envisagée. L’adoption d’un questionnaire diachronique a ainsi permis de circonscrire une part des problématiques archivistiques héritées de la période de formation du dépôt, en les croisant aux contextes politiques successifs qui pèsent sur la transmission du fonds, en vue de saisir les stratégies administratives et scientifiques dont il a pu faire l’objet depuis lors. Afin d’espérer comprendre ce que l’époque médiévale entend par « trésor » de chartes, il a donc paru nécessaire d’étudier la manière dont le Trésor des chartes avait été très lentement « mis en archives ».
[Thèse de l'École des chartes, 2007].
Introduction de la thèse :
Le Trésor des chartes est considéré depuis deux siècles comme le noyau des Archives nationales et l’ancêtre des archives publiques en France. En conséquence, toute recherche sur la formation et les usages politiques médiévaux du dépôt repose au préalable sur une analyse de sa transmission archivistique au cours des temps modernes, mais aussi sur ses fonctions historiographiques à l’époque contemporaine. Modèle des archives historiques après 1789, le Trésor des chartes n’est pas pour autant un archétype archivistique, dans la mesure où il ne fut jamais organiquement lié à l’activité d’une institution monarchique donnée. En ce sens, le Trésor des chartes n’est pas un fonds d’archives, mais bien plutôt une collection de titres, isolés de leur contexte de production. L’accumulation dont le Trésor est le produit a pu suivre des logiques contradictoires, gouvernées notamment par la rétroactivité de dépôts dont la nature est, par ailleurs, principalement domaniale. L’abondance et l’ancienneté des instruments de recherche élaborés par les gardes successifs depuis la fin du XIIIe siècle ne permettent de dépasser qu’imparfaitement ce qui est un biais chronologique majeur : la présence actuelle d’une pièce au sein du fonds ne dit rien de sa date de dépôt. Les « inventaires » du Trésor, y compris celui de Pierre Dupuy et Théodore Godefroy au début du XVIIe siècle, d’autant plus célèbre qu’il commande toujours l’organisation actuelle du dépôt, n’ont jamais eu pour objectif de saisir le contenu exhaustif du fonds mais ont tenté bien au contraire de bâtir sa valeur juridique et politique, par une sélection, de moins en moins stricte sans doute, des titres « utiles » au gouvernement ou à la défense des « droits du roy ». La longévité et la persévérance du fonds au sein de la Sainte-Chapelle avant 1783, comme le court mais intense moment de mobilité jusqu’en 1809, ont par ailleurs favorisé, mais selon des logiques différentes, l’insertion de documents médiévaux, ou, à l’inverse, la distraction de documents plus récents. En d’autres termes, au cours d’une très longue existence, le Trésor des chartes n’a cessé de se « médiévaliser », et la thésaurisation des chartes s’est prolongée jusqu’au XIXe siècle. Après avoir renoncé à suivre ce double processus solidaire de constitution et de transmission à rebours de la chronologie, pour mieux le faire apparaître, une solution hybride, mais plus réaliste, a été envisagée. L’adoption d’un questionnaire diachronique a ainsi permis de circonscrire une part des problématiques archivistiques héritées de la période de formation du dépôt, en les croisant aux contextes politiques successifs qui pèsent sur la transmission du fonds, en vue de saisir les stratégies administratives et scientifiques dont il a pu faire l’objet depuis lors. Afin d’espérer comprendre ce que l’époque médiévale entend par « trésor » de chartes, il a donc paru nécessaire d’étudier la manière dont le Trésor des chartes avait été très lentement « mis en archives ».
Auteur
POTIN, Yann
Année
2007
Type
Thèse
Mot-clé
Trésor des chartes
Archives nationales de France
Archivistique
Archives nationales de France
Archivistique