Les dominicains français face au système universitaire des grades à la fin du Moyen Âge. [Thèse].
Item
Titre
Les dominicains français face au système universitaire des grades à la fin du Moyen Âge. [Thèse].
[Thèse de doctorat, Histoire médiévale, Lyon, 2018];
Résumé de la thèse :
Bien que la relation entre les universités et l’ordre dominicain, nettement orienté vers l’étude depuis ses premières années, attire l’attention des historiens du Moyen Âge depuis longtemps, la rencontre des Prêcheurs avec le système universitaire des grades, qui constituait le premier attrait de l’<i>universitas</i> pour ces religieux, n’a pas encore donné lieu à des études systématiques. Focalisée sur l’époque postérieure au milieu du XIVe siècle, où la prolifération rapide des facultés de théologie en Europe a offert aux dominicains davantage d’occasions d’accéder aux grades universitaires, la présente thèse a pour objectif de mesurer l’impact qu’a exercé le <i>magisterium</i> sur les normes, pratiques et idées des fils de saint Dominique de France, dont l’idéologie était étroitement liée aux activités universitaires. Dans les provinces françaises de l’ordre, où le réseau des <i>studia</i> dominicains ont vu un véritable essor, l’élite intellectuelle se procurent l’estime des frères et de nombreux avantages dès le XIIIe siècle. L’aspiration au statut privilégié des frères savants s’accentue au fur et à mesure que le système des grades de théologie, établi tout d’abord au sein de l’université de Paris, est implanté dans bien des communautés universitaires d’Europe. Il en découle que les supérieurs de l’ordre ont voulu contrôler plus rigoureusement la conquête du diplôme par les frères, ce qui a donné lieu à un régime de surveillance des candidats dominicains aux grades universitaires, codifié dès le début du XVe siècle en vertu d’une nouvelle constitution de l’ordre et raffiné grâce à de nombreuses ordonnances du chapitre général. Les règlements étant établis de façon à conditionner l’obtention des grades universitaires, la relation entre les normes et les pratiques s’avère cependant loin d’être univoque, ce que nous montrent les données prosopographiques des dominicains autorisés à poursuivre le <i>magisterium</i>. Parfois, les normes restrictives s’adaptent aux pratiques que vivent nos religieux. Cette élasticité des législations dominicaines augmente l’importance du jugement ad hoc des supérieurs pour examiner et garantir les qualités intellectuelles et morales des religieux admis à l’obtention des grades, dans la mesure où, après le foisonnement des facultés de théologie, le chapitre général, auquel incombe de façon exclusive la décision finale de l’envoi des religieux vers les universités, se trouve étouffé à cause de l’entassement des dossiers de candidature des frères aspirant au doctorat. D’où un enchevêtrement sensible qui caractérise les pratiques d’autorisation de la conquête du <i>magisterium</i>, auxquelles participent de manière active les religieux désirant le diplôme eux-mêmes. En revanche, la famille religieuse ne semblait pas très préoccupée des actes académiques accomplis en pratique au sein de la faculté, car, en s’appuyant sur la faveur pontificale généreusement accordée, elle pouvait conférer le <i>magisterium</i> aux frères qui le méritaient. La prédilection de nos religieux pour le </i>magisterium</i> est d’autant plus inébranlable que cette dignité s’associe étroitement à la conscience de soi des fils de saint Dominique. Le regard des frères vis-à-vis des <i>magistri</i> se révèle cependant à double tranchant, car l’état doctoral ne peut jamais se libérer de la suspicion de la vanité mondaine. Particulièrement intéressés par cette question récurrente de l’arrogance magistrale, les observants se montrent aussi attachés aux grades que les frères qui n’embrassent pas la cause de la réforme. L’ancrage du système universitaire des grades dans l’idéologie des fils de saint Dominique s’avère si profonde que, voué à un idéal analogue à celui des universitaires – participation par voie intellectuelle à la prospérité de l’Église –, l’ordre dominicain apparaît à son tour comme une <i>universitas</i> des docteurs de la science sacrée à la fin de notre époque.
[Thèse de doctorat, Histoire médiévale, Lyon, 2018];
Résumé de la thèse :
Bien que la relation entre les universités et l’ordre dominicain, nettement orienté vers l’étude depuis ses premières années, attire l’attention des historiens du Moyen Âge depuis longtemps, la rencontre des Prêcheurs avec le système universitaire des grades, qui constituait le premier attrait de l’<i>universitas</i> pour ces religieux, n’a pas encore donné lieu à des études systématiques. Focalisée sur l’époque postérieure au milieu du XIVe siècle, où la prolifération rapide des facultés de théologie en Europe a offert aux dominicains davantage d’occasions d’accéder aux grades universitaires, la présente thèse a pour objectif de mesurer l’impact qu’a exercé le <i>magisterium</i> sur les normes, pratiques et idées des fils de saint Dominique de France, dont l’idéologie était étroitement liée aux activités universitaires. Dans les provinces françaises de l’ordre, où le réseau des <i>studia</i> dominicains ont vu un véritable essor, l’élite intellectuelle se procurent l’estime des frères et de nombreux avantages dès le XIIIe siècle. L’aspiration au statut privilégié des frères savants s’accentue au fur et à mesure que le système des grades de théologie, établi tout d’abord au sein de l’université de Paris, est implanté dans bien des communautés universitaires d’Europe. Il en découle que les supérieurs de l’ordre ont voulu contrôler plus rigoureusement la conquête du diplôme par les frères, ce qui a donné lieu à un régime de surveillance des candidats dominicains aux grades universitaires, codifié dès le début du XVe siècle en vertu d’une nouvelle constitution de l’ordre et raffiné grâce à de nombreuses ordonnances du chapitre général. Les règlements étant établis de façon à conditionner l’obtention des grades universitaires, la relation entre les normes et les pratiques s’avère cependant loin d’être univoque, ce que nous montrent les données prosopographiques des dominicains autorisés à poursuivre le <i>magisterium</i>. Parfois, les normes restrictives s’adaptent aux pratiques que vivent nos religieux. Cette élasticité des législations dominicaines augmente l’importance du jugement ad hoc des supérieurs pour examiner et garantir les qualités intellectuelles et morales des religieux admis à l’obtention des grades, dans la mesure où, après le foisonnement des facultés de théologie, le chapitre général, auquel incombe de façon exclusive la décision finale de l’envoi des religieux vers les universités, se trouve étouffé à cause de l’entassement des dossiers de candidature des frères aspirant au doctorat. D’où un enchevêtrement sensible qui caractérise les pratiques d’autorisation de la conquête du <i>magisterium</i>, auxquelles participent de manière active les religieux désirant le diplôme eux-mêmes. En revanche, la famille religieuse ne semblait pas très préoccupée des actes académiques accomplis en pratique au sein de la faculté, car, en s’appuyant sur la faveur pontificale généreusement accordée, elle pouvait conférer le <i>magisterium</i> aux frères qui le méritaient. La prédilection de nos religieux pour le </i>magisterium</i> est d’autant plus inébranlable que cette dignité s’associe étroitement à la conscience de soi des fils de saint Dominique. Le regard des frères vis-à-vis des <i>magistri</i> se révèle cependant à double tranchant, car l’état doctoral ne peut jamais se libérer de la suspicion de la vanité mondaine. Particulièrement intéressés par cette question récurrente de l’arrogance magistrale, les observants se montrent aussi attachés aux grades que les frères qui n’embrassent pas la cause de la réforme. L’ancrage du système universitaire des grades dans l’idéologie des fils de saint Dominique s’avère si profonde que, voué à un idéal analogue à celui des universitaires – participation par voie intellectuelle à la prospérité de l’Église –, l’ordre dominicain apparaît à son tour comme une <i>universitas</i> des docteurs de la science sacrée à la fin de notre époque.
Auteur
KAJIVARA, Yoichi
Année
2018
Type
Thèse
Mot-clé
Dominicains
Facultés de théologie
Université de Paris
Grades universitaires
Magistère - Magisterium
Facultés de théologie
Université de Paris
Grades universitaires
Magistère - Magisterium