Écoles, pouvoirs et sociétés : les écoles élémentaires en Savoie au XIXe siècle (1815-1880). [Thèse].
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Titre
Écoles, pouvoirs et sociétés : les écoles élémentaires en Savoie au XIXe siècle (1815-1880). [Thèse].
[Thèse de doctorat, Histoire moderne, Université Grenoble Alpes, 2019].
Résumé de la thèse :
Dans le premier XIXe siècle, en l’absence d’intervention directe de l’État sarde pour organiser le tissu scolaire élémentaire, des structures éducatives sont mises en place à l’initiative des populations et du clergé. Par leur caractère plus ou moins formel et leur dissémination elles constituent une nébuleuse scolaire. Dans les montagnes, héritage d’un mouvement de scolarisation commencé sous l’Ancien Régime, les populations figurent parmi les plus alphabétisées du royaume de Piémont-Sardaigne. Cela tient à leur forte demande d’instruction, fruit d’une économie ouverte que symbolise notamment l’ampleur des migrations économiques. Originalité des hautes terres de la Savoie, cette demande sociale se concrétise par l’importance du phénomène des fondations, réalisées notamment par des expatriés, et la densification du tissu scolaire jusque dans les hameaux. Rien n’exprime mieux ce désir d’instruction que la création d’associations villageoises sur le modèle des consortages économiques, le recrutement local des maîtres et l’organisation d’écoles temporaires en prises avec les configurations économiques et sociales territoriales. L’école élémentaire devient l’affaire de l’État sarde à partir de la décennie 1850. Dans la mise en œuvre de sa politique scolaire qui repose principalement sur l’organisation d’un dispositif de formation et d’inspection des enseignants, il est en butte à l’opposition du clergé et des notables conservateurs et catholiques. Le premier cherche à défendre ses prérogatives, les seconds entendent que soit maintenu un « système » scolaire réputé « dans la nature des choses », c’est-à-dire en prise avec l’organisation économique et sociale que se sont données les populations, l’enseignement dispensé devant contribuer à les maintenir dans leurs conditions. À la suite de l’annexion à la France, l’école constitue l’un des vecteurs de l’intégration des nouveaux territoires à la « Grande Nation ». Le symbole de cette politique est la laïcisation des personnels des écoles vicariales. Au regard de la forte densité scolaire des nouveaux territoires, l’enjeu pour la nouvelle administration réside dans l’organisation du tissu scolaire et l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Soucieuse de généraliser la scolarisation, l’administration française ne peut réduire autant qu’elle le souhaiterait le nombre des écoles temporaires de hameau. Elle doit composer avec les populations qui concourent ainsi activement à l’organisation de leur territoire scolaire. La qualité de l’enseignement progresse lentement au gré de l’amélioration des conditions matérielles et de l’accroissement du nombre des instituteurs et des institutrices formés dans les écoles normales. Une enquête de 1865 et des registres d’inscriptions et de notes de la fin des années 1870 permettent d’évaluer ces progrès. Ces sources contribuent aussi à mettre en évidence une différenciation des enseignements entre les écoles permanentes et temporaires, cette dualité marquant la pérennisation de l’adaptation de l’organisation scolaire au milieu économique et social ainsi que le poids des contraintes budgétaires. Il n’en demeure pas moins que les écoles de hameau apportent une contribution majeure à la scolarisation de la jeunesse savoyarde et à sa maîtrise des savoirs élémentaires. En attestent notamment les résultats du certificat d’études primaires. La participation relativement élevée des élèves des hautes terres à cet examen témoigne de la persistance de l’investissement éducatif des populations montagnardes à la veille de l’instauration de l’école obligatoire.
[Thèse de doctorat, Histoire moderne, Université Grenoble Alpes, 2019].
Résumé de la thèse :
Dans le premier XIXe siècle, en l’absence d’intervention directe de l’État sarde pour organiser le tissu scolaire élémentaire, des structures éducatives sont mises en place à l’initiative des populations et du clergé. Par leur caractère plus ou moins formel et leur dissémination elles constituent une nébuleuse scolaire. Dans les montagnes, héritage d’un mouvement de scolarisation commencé sous l’Ancien Régime, les populations figurent parmi les plus alphabétisées du royaume de Piémont-Sardaigne. Cela tient à leur forte demande d’instruction, fruit d’une économie ouverte que symbolise notamment l’ampleur des migrations économiques. Originalité des hautes terres de la Savoie, cette demande sociale se concrétise par l’importance du phénomène des fondations, réalisées notamment par des expatriés, et la densification du tissu scolaire jusque dans les hameaux. Rien n’exprime mieux ce désir d’instruction que la création d’associations villageoises sur le modèle des consortages économiques, le recrutement local des maîtres et l’organisation d’écoles temporaires en prises avec les configurations économiques et sociales territoriales. L’école élémentaire devient l’affaire de l’État sarde à partir de la décennie 1850. Dans la mise en œuvre de sa politique scolaire qui repose principalement sur l’organisation d’un dispositif de formation et d’inspection des enseignants, il est en butte à l’opposition du clergé et des notables conservateurs et catholiques. Le premier cherche à défendre ses prérogatives, les seconds entendent que soit maintenu un « système » scolaire réputé « dans la nature des choses », c’est-à-dire en prise avec l’organisation économique et sociale que se sont données les populations, l’enseignement dispensé devant contribuer à les maintenir dans leurs conditions. À la suite de l’annexion à la France, l’école constitue l’un des vecteurs de l’intégration des nouveaux territoires à la « Grande Nation ». Le symbole de cette politique est la laïcisation des personnels des écoles vicariales. Au regard de la forte densité scolaire des nouveaux territoires, l’enjeu pour la nouvelle administration réside dans l’organisation du tissu scolaire et l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Soucieuse de généraliser la scolarisation, l’administration française ne peut réduire autant qu’elle le souhaiterait le nombre des écoles temporaires de hameau. Elle doit composer avec les populations qui concourent ainsi activement à l’organisation de leur territoire scolaire. La qualité de l’enseignement progresse lentement au gré de l’amélioration des conditions matérielles et de l’accroissement du nombre des instituteurs et des institutrices formés dans les écoles normales. Une enquête de 1865 et des registres d’inscriptions et de notes de la fin des années 1870 permettent d’évaluer ces progrès. Ces sources contribuent aussi à mettre en évidence une différenciation des enseignements entre les écoles permanentes et temporaires, cette dualité marquant la pérennisation de l’adaptation de l’organisation scolaire au milieu économique et social ainsi que le poids des contraintes budgétaires. Il n’en demeure pas moins que les écoles de hameau apportent une contribution majeure à la scolarisation de la jeunesse savoyarde et à sa maîtrise des savoirs élémentaires. En attestent notamment les résultats du certificat d’études primaires. La participation relativement élevée des élèves des hautes terres à cet examen témoigne de la persistance de l’investissement éducatif des populations montagnardes à la veille de l’instauration de l’école obligatoire.
Auteur
JULLIARD, Jean-Yves
Année
2019
Type
Thèse
Mot-clé
Savoie
Enseignement primaire
Alphabétisation
Administration scolaire
Sociologie de l'éducation
Royaume de Piémont-Sardaigne
Fondations
Consortages
Maîtres d'école
Instituteurs - Institutrices
Écoles normales d'instituteurs
Certificat d'études primaires
Enseignement primaire
Alphabétisation
Administration scolaire
Sociologie de l'éducation
Royaume de Piémont-Sardaigne
Fondations
Consortages
Maîtres d'école
Instituteurs - Institutrices
Écoles normales d'instituteurs
Certificat d'études primaires