Le droit mutilé dans L’Homme qui rit
Item
Titre
Le droit mutilé dans L’Homme qui rit
Auteur
BALLESTRA-PUECH, Sylvie
Résumé
Roman de la maturité, L’Homme qui rit confirme l’antagonisme entre le droit et la loi qui parcourt toute l’œuvre de Victor Hugo et que Denis Salas a rappelé dans un article récent, au titre éloquent « Victor Hugo ou le droit contre la loi ». Dans ce roman où le génie mythopoiétique de Hugo donne toute sa mesure, cet antagonisme se trouve exploré par la voie de la métaphore incarnée de la mutilation dont je voudrais étudier les implications poétiques autant que la portée spéculative. Si la question du droit fait l’objet d’un traitement discursif dans cette œuvre comme dans d’autres, elle détermine aussi la construction narrative et la distribution des personnages et je voudrais montrer comment chacune de ces composantes du roman contribue à l’élaboration d’une représentation cohérente de la pensée hugolienne du droit dans ses rapports avec la société et avec la nature.
Rendu à son statut d’origine, Gwynplaine, alias Lord Fermain Clancharlie, est admis à la Chambre des lords où il prononce un long discours qu’il caractérise lui-même comme un plaidoyer : « je suis l’avocat désespéré et je plaide la cause perdue ». Son « énorme plaidoierie éparse » (p. 691) est aussi simultanément discours prophétique annonçant l’aurore qui verra se lever le soleil qu’est le droit. Si le début du discours projette donc dans l’avenir l’avènement du droit, par la suite, alors que Gwynplaine est en butte au rire assassin de ses pairs, le droit se trouve renvoyé à une pureté originelle perdue :
« Je représente l’humanité telle que ses maîtres l’ont faite…
Rendu à son statut d’origine, Gwynplaine, alias Lord Fermain Clancharlie, est admis à la Chambre des lords où il prononce un long discours qu’il caractérise lui-même comme un plaidoyer : « je suis l’avocat désespéré et je plaide la cause perdue ». Son « énorme plaidoierie éparse » (p. 691) est aussi simultanément discours prophétique annonçant l’aurore qui verra se lever le soleil qu’est le droit. Si le début du discours projette donc dans l’avenir l’avènement du droit, par la suite, alors que Gwynplaine est en butte au rire assassin de ses pairs, le droit se trouve renvoyé à une pureté originelle perdue :
« Je représente l’humanité telle que ses maîtres l’ont faite…
Editeur
LGDJ
Année
2018
Type
Article
Lieu
Paris
Titre du périodique
Numéro
n°2
Pages
pp. 77-88
ISBN
978 2 275 05606 8
Mot-clé
URL
https://www.cairn.info/revue-droit-et-litterature-2018-1-page-77.htm