Bibliography of legal history in french

Interprétation judiciaire vs interprétation littéraire. Le paraclétisme de Léon Bloy vu par les censeurs romains et par la critique littéraire

AMADIEU, Jean-Baptiste

Le procureur Pinard vitupérant en 1857 contre Madame Bovary et Les Fleurs du mal est décrié par les lettrés. Censurant plusieurs poèmes de Baudelaire, il aurait mal compris et mal jugé le sens et la portée de deux chefs-d’œuvre de la littérature française. Aux xixe et xxe siècles, les adversaires de la censure ont de fait régulièrement avancé l’argument de l’incompétence du juge, l’exposant immanquablement au contresens ; seuls le public et la critique seraient fondés à estimer une œuvre à sa juste valeur. Dans cette affaire, le juge judiciaire serait dépourvu de toute légitimité, soit du fait même de son statut professionnel, soit du fait de la configuration propre au tribunal qui lui interdirait d’évaluer l’œuvre selon des critères adéquats. Cependant, en quoi un statut (juge) et un lieu (le tribunal) modifieraient-ils les conditions du jugement ? En quoi interprétation judiciaire et interprétation littéraire diffèrent-elles ? L’« autonomisation » de la littérature, son émancipation déclarée à l’égard de la morale et du droit – et de leurs critères de jugement – soulèvent des questions. Que tous les lecteurs (à l’exception des juges) n’envisagent dans un texte qu’un système de signes à décoder, qu’une fonction poétique, qu’un univers sans rapport avec le monde référentiel ou qu’une polysémie neutralisant toute portée transgressive, rien n’est moins sûr. L’intransitivité du langage littéraire n’étant que rarement absolue, des lectures orientées par le sens et la portée potentiellement référentielle sont possibles…

Lextenso

2019

Article

Paris

Revue Droit et Littérature

Interprétation judiciaire vs interprétation littéraire

n°3

pp. 149-167

978 2 275 06543 4

Histoire de la littérature
Interprétation judiciaire
Léon Bloy
Droit et littérature

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