BURIDANT, Jérôme
Ce travail constitue une analyse des facteurs d'évolution des paysages forestiers. Situé aux confins de l’Ile-de-France, de la Picardie et de la Champagne, le pays laonnois correspond à la partie médiane de l'actuel département de l’Aisne. À la fin de l'Ancien Régime, les forêts laonnoises couvrent environ 43 000 ha, soit près de 16 % de la superficie totale. Depuis le début du XVIIe siècle, l'espace forestier est de mieux en mieux maitrisé. La propriété est clarifiée, les limites sont matérialisées au sol, et la tutelle de l'administration des eaux et forêts se renforce nettement. On assiste aussi a une restriction draconienne des droits d'usage accordés par le passé aux communautés locales, afin d'intégrer les produits des coupes aux circuits commerciaux. Les bois laonnois sont d'abord expédiés par flottage vers Paris, avant que les verreries, parmi lesquelles figure la manufacture royale des glaces de Saint-Gobain, n'absorbent l'essentiel de la production locale, faisant considérablement augmenter les prix du combustible. La sylviculture s'adapte afin de fournir des bois normalises pour les établissements proto-industriels, mais elle achoppe par méconnaissance des mécanismes écologiques. Issus de taillis sous futaie traités à courte révolution, les produits sont de qualité médiocre. L'écosystème est perturbé, tant par l'action anthropique que par les accidents climatiques ou les dégâts de gibier. De graves problèmes de régénération apparaissent. À long terme, cela se traduit par une évolution régressive des peuplements forestiers, conduisant à la raréfaction du hêtre au profit du chêne et d'essences de faible valeur., 1999